Il y avait foule mardi 27 et jeudi 29 février 2024, au local de Saint-Vincent-de-Paul, à Deauville (Calvados), pour les dernières distributions de colis alimentaires. Autour des tasses fumantes de café, les bénéficiaires s’entretiennent dans un joyeux brouhaha, échangent de franches accolades sous la lumière jaune des néons.
La larme pointe au coin de l’œil pour certains qui admettent que c’était « plus qu’une distribution de paniers alimentaires ».
« Quand on n’a pas d’argent, on fait une croix sur les loisirs, les sorties, les restaurants, le sport, alors ici, c’était ma sortie de la semaine. »
« Dans le malheur, on a fait du bonheur », résume Josiane*, 59 ans. Bénéficiaire depuis une dizaine d’années, elle est venue avec ses deux petites filles de 8 ans et 3 ans, comme elle en a l’habitude, chaque fois qu’elles viennent en vacances. « Ici, ils les ont vues naître », rapporte celle qui réside à Glanville, un village de 300 âmes.
Solidarité et dignité
Même son de cloche du côté des bénévoles qui y trouvaient aussi leur compte. En atteste Sœur Thérèse, 85 ans, bénévole et franciscaine à la communauté Saint-François d’Assises, à Deauville.
Habituée à donner de son temps dans des associations caritatives, elle apprécie le caractère « familial » de l’association deauvillaise. « Il y a une espèce d’entraide plus qu’ailleurs » entre les bénévoles.
L’image d’Epinal de l’aide qui place une main au-dessus de l’autre a cédé la place à des rapports plus horizontaux, où la dignité et la solidarité priment.
Et de souligner l’entente « fraternelle » avec les bénéficiaires. « Je crois que ça dépend de comment on regarde les gens », raconte celle qui est parvenue à prêter une oreille attentive aux différents récits de vie, sans jamais juger.
« Ça passe bien, parce qu’ils sentent bien le regard qu’on porte sur eux. »
Ici, on prend donc soin de la dignité de chacun et c’est ce pourquoi Josiane, 59 ans, n’a pas fui, y a une dizaine d’années. Dans une situation financière inextricable, elle avait poussé la porte des Restos du Cœur avant de se raviser.
Comme elle, Cyrille, aussi demandeur d’emploi, a dû se résoudre à demander de l’aide, il y a un an.
« Avec environ 1 000 € de revenus et l’inflation et bien ça soulage ! Ça n’est vraiment pas une aide négligeable. Heureusement qu’ils sont là, ça va être compliqué après. »
Assurer le soutien
Les bénéficiaires vont et viennent dans un ballet incessant. Comme Irina, 53 ans, et Victoria, 59 ans, d’origine ukrainienne et en France depuis deux ans.
On a beau travailler à mi-temps dans un hôtel, ça ne fait pas assez pour vivre.
Laurent Forestier, le président d’A Touq’Coeur, qui réalise aussi de la distribution alimentaire auprès des personnes démunies, est venu mardi matin pour se présenter auprès des bénéficiaires.
Je voulais les assurer de notre soutien, le temps qu’une solution soit trouvée. Cela nous préoccupe de savoir ce que vont devenir ces personnes car le discours change. Avant, on nous disait « ça nous aidait », maintenant on entend que l’aide de notre association est « indispensable ».
De 8 h à 12 h, pas moins de 40 personnes sont passées par là, mardi. De même, jeudi. Dans la salle où sont conservées les denrées, il restait encore beaucoup de nourriture qui sera redistribuée.
L’information de Deauville est à retrouver par ici.
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