Interview A Deauville, Alexandre Arcady présente son nouveau film en avant-première devant une salle comble

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Le petit blond de la Casbah sort le 15 novembre 2023, Alexandre Aracady a présenté en avant-première au cinéma Morny de Deauville (Calvados)  un film autobiographique sur l’Algérie : « le pays de l’enfance, le pays de la nostalgie, le pays du soleil et le pays du cinéma. »

Alexandre Arcady, comment est né ce film ?

En fait, il y a une vingtaine d’années, j’ai écrit un livre, publié chez Plon, dans lequel je raconte mon enfance en Algérie ; dans une Algérie heureuse et insouciante ; dans un endroit où tout nous était donné. Régulièrement, mon éditeur me disait :  » tu devais en faire un film, il y a tous les ingrédients pour faire un beau film « . Mais je m’y refusais. Je n’étais pas prêt. Je ne me voyais absolument mettre des acteurs à la place des gens de ma famille ; à la place des gens qui ont accompagné ma jeunesse. Et puis, un jour, il m’a dit  » raconte ton histoire pour expliquer le cinéaste que tu es aujourd’hui ». Et là, je me suis dit : « ah oui, pourquoi pas ! »

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Le confinement est arrivé. Et très curieusement, le silence du confinement m’a permis de me remémorer des sons et même des odeurs de la ville d’Alger. Et c’est à ce moment-là que j’ai eu envie de faire ce film. Et parallèlement, avec la naissance de mes petits-enfants, j’ai voulu leur raconter mon histoire. Lorsque je suis retourné à Alger j’ai eu l’impression que tout partait comme du sable dans les mains ; c’est pour cela que j’ai voulu laisser une trace. D’ailleurs, j’ai dédié ce film non seulement à ceux qui ne sont plus mais également à mes enfants et mes petits-enfants et j’espère que ce film contribuera à la transmission.

Tourner un film autobiographique, ça ne doit pas être simple…

C’est même compliqué. Le livre raconte ; alors que le cinéma, et c’est sa force, montre. Se voir, revoir des gens qui sont morts, c’est vertigineux. Lorsque j’ai vu la première scène jouée par Léo Campion, je me suis totalement reconnu. C’était tellement troublant que je me suis réfugié derrière un portant de vêtements pour masquer mon émotion.

Vous racontez le voyage d’un cinéaste qui vient à Alger, sa ville natale pour présenter son nouveau film, accompagné de son jeune fils ; c’est une façon de prendre un peu plus de distance ?

Oui, même si le cinéaste c’est moi. Ainsi, en me promenant dans Alger, les souvenirs reviennent et je peux, plus facilement, faire revivre des moments de bonheur, de rires et de larmes de mon enfance algéroise. Redonner vie à mes proches avec des personnages réels mais totalement cocasses. Ma grand-mère, Lisa, qui était énorme, mesurait 1m50 et passait ses journées allongée sur son lit. La voisine Pierrette qui était cartomancienne et qui avait une fille adoptive Josette. C’est, d’ailleurs, Josette qui m’a emmené pour la première fois au cinéma. Et après avoir vu, avec elle, mon premier film Jeux interdits ; l’envie de faire du cinéma ne m’a plus jamais quitté.

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Votre personnage – Antoine – dit « tu sais Josette, je crois que je préfère le cinéma à la vie ». Alors, y-a-t-il une part de fiction dans ce film ?

Il y a forcément des raccourcis ; notamment au niveau temporel. J’ai également pris quelques libertés pour certaines scènes. Mais globalement c’est vraiment mon histoire. Je n’ai pas triché, ni avec la vérité, ni avec les sentiments. Je n’ai pas fantasmé. C’est uniquement ce que j’ai vécu. Et lorsque des gens qui ont vu le film en avant-première me disent : « le film est d’une justesse incroyable ; tout est dit avec énormément de tendresse et d’émotions » ou bien encore « j’ai vu votre film, j’ai ri, j’ai pleuré, je me suis régalé » : je suis heureux.

Alexandre Arcady présente son nouveau film au cinéma Morny
Alexandre Arcady présente son nouveau film au cinéma Morny de Deauville (Calvados) en compagnie de Richard Patry, président de la Fédération nationale des cinémas français ©Hélène Bénard

Il y a une galerie de personnages inimaginables ; le casting a-t-il été une évidence ?

Oui, totalement. Les acteurs sont en quelque sorte les premiers spectateurs et, pour la première fois de ma carrière, les réactions ont été unanimes. J’ai tout de même fait dix-huit films avant celui-ci. Mais, pour celui-ci, tous les acteurs à qui j’ai proposé un rôle ont accepté avec enthousiasme. Certains m’ont même demandé de participer au film. Je pense, par exemple, à Franck Dubosc. Je n’aurais jamais osé lui proposé un si petit rôle mais il voulait jouer dans ce film.

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Où avez-vous tourné ce film ?     

A Alger, bien sûr. Mais aussi à Paris où se trouve Françoise Fabian qui joue le rôle de ma mère. Et en Tunisie puisque c’est l’endroit où j’ai trouvé un immeuble qui ressemblait à celui dans lequel nous vivions. Je cherchais un bâtiment très particulier avec des coursives. En effet, nous étions proches les uns des autres. C’était purement mécanique. Les logements n’étaient pas grands ; les portes étaient ouvertes. Dans une réalité urbaine, nous étions dans une communauté de vie et pour beaucoup les événements ont suscité une réelle incompréhension.

Ce film, qui sort dans un contexte très particulier, est finalement un film universel. Qu’en pensez-vous ?

Initialement, je voulais faire un film très personnel et aujourd’hui, je me rends compte que c’est effectivement un film universel. Car il raconte, avec sincérité, la déchirure qu’a provoquée la rupture que j’ai vécue lorsque j’étais enfant. Peu importe la nature de la rupture. Peu importe l’endroit. Quant au contexte, je condamne bien évidemment ce qui s’est passé en Israël. Je suis horrifié par tout ce qui se passe. Mais j’ai décidé de maintenir les avant-premières car je pense qu’il faut continuer à vivre, à chanter, à danser et que le plus grave serait de baisser la tête. Si tel était le cas, les barbares auraient gagné.    

Le film se termine avec votre départ d’Alger, en bateau, vers la France. Et après que se passe-t-il ?

Je suis en train de faire le tour de France pour présenter mon film et c’est une question que me posent systématiquement les spectateurs après l’avoir vu. Ca a été difficile et le mot est petit pour décrire la situation. L’histoire de mon arrivée en France serait, de toute manière, trop longue à raconter ; si longue que je pense en faire prochainement un livre ; une suite au « Petit blanc de la Casbah ».

Pour terminer, vous êtes à Deauville pour présenter votre film. Avez-vous un rapport particulier avec la ville ? 

Non pas vraiment, je suis comme tous les parisiens, j’y viens de temps à autre. Je trouve la ville agréable et accueillante. J’aime marcher sur cette belle et grande plage…. Mais, pour être honnête, Deauville c’est un peu plus que ça… je vais vous faire une confidence… en fait, la première fois que je suis venu à Deauville, c’était peu après mon arrivée en France. Je m’étais fait un copain en colonies de vacances dont les parents étaient commerçants à Deauville. Il m’avait invité à venir passer quelques jours chez lui. J’avais pris le train et mis mon costume. Sans faire de misérabilisme, les temps étaient, je l’ai évoqué tout à l’heure, difficiles. Ayant vu qu’il y avait un petit accroc sur le genou, j’avais prétexté être tombé. Bien sûr, personne n’a été dupe et le papa de mon copain m’a très gentiment offert un costume neuf. C’est un souvenir très émouvant de ma première venue à Deauville.

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