Interview Michel Sardou se prépare à son retour sur scène dans son manoir près de Deauville

Michel Sardou
Michel Sardou nous a reçus au coin du feu, dans sa résidence secondaire à quelques kilomètres de Deauville (Calvados). ©Sophie QUESNEL

L’annonce de son retour a suscité un enthousiasme énorme chez ses fans ! Michel Sardou remontera sur scène à l’automne 2023. Le chanteur, qui possède un manoir près de Deauville (Calvados), nous a reçus au coin du feu pour évoquer sa préparation en Normandie. Une interview sans chichi accordée au Pays d’Auge.

Actu : Nous sommes dans votre manoir normand. Quelle est l’histoire de cette maison ?

Michel Sardou : Je l’ai achetée sur une photo à l’agence Boitard à Deauville, il y a presque 15 ans. J’étais au restaurant avec ma femme. Elle aime beaucoup Deauville. Elle a passé toute son enfance pas loin d’ici sur le mont Canisy. Pour moi, Deauville c’était l’Angleterre, de la pluie tout le temps. Un soir, au restaurant, je lui dis écoute, je veux bien acheter une maison mais je veux qu’elle soit dans un rayon de sept kilomètres autour de mes profiteroles au chocolat. En sortant du restaurant, je passe devant l’agence immobilière et je vois un petit manoir charmant que je décide aussitôt d’acheter. Il était minuit et demi, je réveille madame Boitard, qui nous propose une visite le lendemain. Ce jour-là il neigeait, la maison sous la neige était magnifique et je l’ai achetée comme ça. Si on m’avait dit à l’époque que je m’installerais en Normandie…

C’est toujours une résidence secondaire ou un peu plus maintenant ?

M.S. : Moitié, moitié. Mais cela va devenir ma résidence principale quand j’aurai fini la tournée en 2024. J’ai un appartement à Paris qui me sert puisque je travaille là-bas. Mais il est très grand et c’est des emmerdes. Je n’aime pas la copropriété. J’aime faire ce que je veux, quand je veux. Cela va donc peut-être devenir ma résidence principale mais pour l’instant, nous n’habitons pas là toute l’année.

Avez-vous toujours des chevaux ?

M.S. : Non, j’ai arrêté les chevaux parce que j’étais très déçu. J’ai fait de l’élevage, mes produits n’ont pas donné ce que j’espérais et pourtant j’avais mis le paquet ! Au bout d’un moment, j’en ai eu marre d’être quatrième, cinquième… Ça coûte une fortune. Pourtant j’ai gagné pas mal de courses, j’étais content, c’est davantage une déception d’éleveur. Je n’aurais pas dû me lancer dans l’élevage. J’ai dit à Rouget, si mes derniers yearlings ne sont pas bons, on laisse tomber. Et nous avons laissé tomber. Et puis il y a eu la vente du haras du Quesnay, Alec Head était mon ami. Maintenant je ne saurais plus où mettre mes chevaux. J’étais chez moi au Quesnay, je faisais ce que je voulais, j’allais, je venais… C’est un peu triste que ce soit terminé.

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« Mon style, c’est : pas de style »

À propos de votre retour, vous expliquez que votre épouse vous a convaincu de remonter sur scène. Pourtant, dans votre tête, c’était clair : vous vouliez vous consacrer au théâtre

M.S. : Oui c’est vrai. Et puis je suis allé à Caen voir « Je vais t’aimer », la comédie musicale qui reprend mes chansons. Or, je ne m’écoute jamais. Le public connaît mes chansons par cœur, moi je n’écoute jamais mes disques. J’écoute en studio pour choisir les pistes qui iront sur le disque mais après, c’est fini. Je ne regarde pas les émissions de télévision non plus. Je ne suis pas mon client.
À Caen, j’étais dans la salle avec le public, je voyais les réactions et j’entendais les commentaires. Il y avait tous les âges, ce qui m’a étonné parce que je m’attendais à trouver des gens de ma génération. Ce qui me paraissait logique parce que les disques que j’écoute sont ceux des gens que j’aime depuis longtemps. Je voyais des jeunes qui connaissaient mes chansons mieux que moi. Ma femme m’a dit, tu devrais remonter sur scène pour ton plaisir et pour le plaisir de retrouver le public.

Justement, qu’avez-vous pensé de Je vais t’aimer , la comédie musicale inspirée de vos plus grands succès ?

M.S. : Quand on est venu me proposer l’idée d’une comédie musicale qui tournerait autour de mes chansons, je n’étais pas très chaud. Non pas parce que je n’aime pas mes chansons mais parce que je n’ai pas de style défini. Mon style, c’est « pas de style ». Je chante aussi bien une chanson d’amour qu’une chanson engagée ou sociale comme Le France. J’ai donc dit comment allez-vous faire une histoire autour de cela ? Et ils ont réussi, et très bien réussi. Quand je suis allé à Caen voir le spectacle, j’étais sur le cul. On dit toujours que les jeunes sont moins bons que les anciens, je peux vous dire que là, j’ai vu une troupe de jeunes gens qui chantent, qui dansent, qui jouent la comédie…. Formidable ! Qu’on ne vienne pas me dire qu’avant il y avait des artistes et que maintenant il n’y a plus rien.

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Ce doit être émouvant de voir ses chansons reprises par une troupe de jeunes

M.S. : Ça fait drôle parce que moi, je ne les ai jamais écoutées. J’ai redécouvert certaines chansons que j’ai mises dans le nouveau tour de chant. Je les avais complètement oubliées. J’ai même dit à ma femme : ce n’est pas moi qui ai écrit cette chanson. Elle m’a répondu : mais si, tu l’as écrite en 1995 et elle s’appelle « Parlons de toi de moi ». Je l’avais complètement oubliée.
Il y a une chanson qui est numéro 1 sur un site de téléchargement, elle s’appelle « Souris-moi ». Je ne l’ai jamais enregistrée et elle n’est jamais sortie sur un disque. Quand ils ont sorti le coffret Millésimes, « Souris-moi » a été numéro 1 chez les mômes, du coup je la mets parce qu’elle est bonne en plus !

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Quelle sorte de spectacle préparez-vous pour ce retour ?

M.S. : Un récital, mais je voudrais montrer aux spectateurs quelque chose qu’ils n’ont pas déjà vu. Je ne veux pas faire de copié-collé de mes récitals d’avant avec les mêmes chansons. Il y aura évidemment les grands succès, je ne peux pas les retirer, mais ils seront traités d’une façon spéciale.

Vous voulez dire que vous les avez réorchestrés ?

M.S. : Non, non. Cela s’appelle un « mash up ». J’ai découvert cela dans la comédie musicale et j’ai trouvé que c’était très intelligent. Je fais cela pour 17 chansons, 17 énormes tubes. Le reste ce sera des chansons que j’ai peu mises en tour de chant ou alors il y a longtemps. Des succès moins forts que « le Connemara » par exemple ou « Je vais t’aimer », plutôt des chansons que le public n’a pas entendues depuis longtemps. Réorchestrées, arrangées… et des effets scéniques, c’est-à-dire une mise en scène du spectacle différente de ce que j’ai fait jusqu’à présent. Une surprise en réalité.
Ça ne m’intéresse pas de refaire ce que j’ai déjà proposé dans mes derniers spectacles. D’ailleurs je l’ai constaté pour la comédie musicale, quand on leur offre quelque chose de différent, les gens réagissent différemment. Il ne faut pas croire que le public est là pour vous regarder, c’est un partenaire. Il connaît les chansons et il faut réussir à le surprendre avec ce qu’il connaît déjà et c’est ça le secret. C’est ce que je cherche à faire.
Je ne veux pas vous donner trop de détails parce que nous sommes en train de construire le spectacle. Nous avons plein d’idées sur le papier. Est-ce que c’est réalisable ? Est-ce que c’est finançable ? Je crois qu’on y arrive et ça va être spectaculaire.

Comment fait-on pour choisir 17 tubes dans un répertoire comme le vôtre ?

M.S. : C’est facile, vous prenez tous les titres dont vous vous souvenez et vous arriverez à 17, un peu plus ou un peu moins. Il y en a certaines que je ne reprends pas pour des raisons vocales. Il faut être honnête, je sais que je n’arriverai pas à monter au contre-ut.

Comment vous préparez-vous à ce retour ?

M.S. : Je prends des cours de chant. Mais cela va commencer vraiment trois heures par jour à partir du 1er janvier.

Quand on vieillit, on est vite essoufflé quand on monte un escalier, comment cela se passe-t-il avec la voix ? Est-ce qu’on peut encore tout chanter ?

M.S. : Non. Il faut savoir qu’à partir de 50 ans, on perd des aigus. Mais ce que l’on perd en aigus, on le gagne en graves. Il n’y a pas de limite en graves. Comme j’ai des chansons assez toniques et dures, il faut que je remonte ma tonalité. Ça, c’est du travail avec les profs de chants qui me font faire des vocalises. Ce qui me permettra de gagner deux ou trois tons. Ce sera donc à peu près la même chose mais sans contre-ut, ça je l’oublie. Je ne peux plus. Effectivement, on ne monte plus les escaliers aussi vite qu’avant. Malheureusement.
J’avais eu cette discussion avec Pavarotti. À la fin de sa carrière, il se faisait engueuler parce qu’il ne chantait plus d’opéras et préférait les récitals. Il prenait l’aria des grands classiques évidemment, c’était toujours de l’opéra mais il prenait juste l’aria. Les gens lui reprochaient de ne pas avoir fait le contre-ut. Ça l’énervait. Il me disait, j’ai 70 piges, comment veux-tu que je fasse un contre-ut ? Je pensais à ça quand ma femme m’a dit, recommence !

Allez-vous faire toute votre préparation ici, en Normandie ?

M.S. : Je ne pourrai pas tout faire ici parce que mes profs de chant sont à Paris. Mais j’ai commencé, j’ai un petit clavier ici sur lequel l’après-midi je regarde jusqu’où je monte. J’ai gagné deux tons déjà, ça va vite. C’est une question d’entraînement. C’est comme le vélo. Je répète à Rouen, je débute à Rouen et après je chante à Caen, je suis donc chez moi.

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Dans Chanteur de jazz, sortie en 1985, écrite avec Jean-Loup Dabadie, vous chantez « des nuées de pédales sortaient de Carnegie Hall… » Est-ce qu’on peut encore chanter cela aujourd’hui ?

M.S. : Bien sûr qu’on peut ! J’ai été favorable au mariage pour tous et tout le monde sait que je ne suis pas homophobe, tout le monde sait que je me fous complètement de la vie privée des gens. On peut toujours le chanter, en tout cas moi je peux le chanter. Je ne vais pas changer les paroles pour sacrifier au bon ton actuel que je trouve très exagéré.
La vie privée des gens ne devient pas un sujet de chanson, des attaques ou des critiques. Il y aura toujours des gens pour me traiter de réac, ce à quoi j’ai eu droit toute ma vie. J’ai toujours été traité de réac, de fasciste, pourtant je suis populaire donc ça prouve qu’ils se trompent.

D’où vient cette réputation ?

M.S. : Quand j’ai écrit « Les Ricains », la gauche m’a traité de facho, les gaullistes d’emmerdeur. Après, les réputations restent.

Dans votre répertoire avez-vous une chanson favorite ?

M.S. : Je n’en ai pas. Je les aime à peu près toutes autrement je ne les enregistre pas. En général, c’est la dernière sortie la préférée mais je mentirais si je vous en citais une. En revanche, celle qui m’a le plus surpris, c’est « Les Lacs du Connemara ». La chanson faisait 7 minutes 40 et je me suis dit : ça ne marchera jamais. Personne ne passera à la radio une chanson aussi longue. Et vous voyez…
« Le France », par exemple, il était vendu depuis deux ans quand la chanson est sortie. Plus personne n’en parlait. D’un seul coup, je crée une révolution. Si on m’avait dit ça. Pierre Delanoë avait écrit sur mon oreiller, « je suis Le France, pas la France (démerde-toi) ». J’ai fait la chanson dans la nuit.
Le spectacle préféré, ça va être le prochain. Vous verrez, il y a des trouvailles.

Les concerts au Zenith de Rouen, le 3 octobre 2023 et Caen, le lendemain, sont complets.  

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