Le Festival du cinéma américain de Deauville perturbé par la grève des acteurs et scénaristes à Hollywood

Acteurs et scénaristes, lors d’une manifestation devant les studios Walt Disney, à Burbank, en Californie, le 22 août 2023. Acteurs et scénaristes, lors d’une manifestation devant les studios Walt Disney, à Burbank, en Californie, le 22 août 2023.

Jude Law, annulé ; Natalie Portman, annulée ; Julianne Moore, annulée… Le Festival du cinéma américain de Deauville, qui s’ouvre vendredi 1er septembre, va devoir faire sans les stars hollywoodiennes qui, au-delà des films, font sa réputation depuis 1975. En rejoignant, au début de l’été, la grève des scénaristes, la puissante association des acteurs américains, la Screen Actors Guild (SAG) a, en effet, privé le cinéma de ses paillettes. Mais pas seulement.

« Ce n’est pas que ça : cette grève est en train de bouleverser tout le calendrier des sorties, se désole la distributrice et productrice française Michèle Halberstadt. Cela tombe au pire moment, alors qu’on s’était tout juste remis de la fermeture liée à la pandémie. » A quoi va ressembler l’économie du cinéma en 2024, si les blockbusters américains manquent à l’appel ? Crise économique, mais également politique et sociétale.

Tout a commencé il y a quatre mois. Faute d’un accord trouvé avec les studios et les plates-formes de streaming, les 11 500 scénaristes regroupés au sein de la Writers Guild of America (WGA) se mettent en grève. Ils réclament trois choses. Primo, des salaires garantis alors que les studios raccourcissent de plus en plus leurs temps d’intervention et d’écriture, notamment sur les séries – c’est classique. Deuzio, une refonte des droits résiduels (les droits de diffusion) rendus caducs par des plates-formes qui ne communiquent pas leurs chiffres de consultation – c’est plus compliqué. Et, tertio, une réglementation face aux menaces de l’intelligence artificielle vécue de moins en moins comme un outil et de plus en plus comme une concurrence – c’est là que ça se corse.

« C’est la grève d’une rupture technologique qui me fait penser à celle qui a eu lieu en 1960, au moment de l’apparition de la télévision », analyse Xavier Lardoux, longtemps directeur du cinéma et de l’audiovisuel au Centre national du cinéma et de l’image animée. Le mouvement conjugué des acteurs et des scénaristes qui, pour la première fois, mit Hollywood à l’arrêt (avec un certain Ronald Reagan en négociateur en chef) venait en clôture d’une décennie d’équipement massif en téléviseurs. L’Amérique n’avait plus besoin d’aller au cinéma pour voir du cinéma. Il en sortit l’accord sur les droits résiduels que l’opacité des plates-formes bat aujourd’hui en brèche après une décennie de montée en puissance du streaming et des Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), qui rebat à la fois les cartes des métiers et la géographie du pouvoir. L’arrivée de ChatGPT aura mis le commun des mortels devant l’évidence : l’algorithme, cet ami qui nous veut du bien, a sonné le glas des équilibres anciens.

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