Villa de chats, bibliothèque, lieu d’exposition : à la découverte de l’histoire de la Chatonnière à Deauville

Chatonnière
La Chatonnière, une petite maison pas comme les autres à Deauville. ©Le Pays d’Auge / M.-M. Remoleur

Chaque année, à Deauville (Calvados) le festival de création photographique Planches contact met en lumière des bâtiments de la ville en les transformant en lieux d’exposition. Si les bassins des lais de mer, l’ancien Deauville Yacht Club ou encore le hall du Normandy ont été investis par les travaux de photographes venus en résidence à Deauville, c’est une exposition à la saveur toute particulière qui nous fait découvrir ou redécouvrir La Chatonnière, jolie petite villa située à deux pas de la mairie, rue Victor-Hugo. 

Le festival y a installé The Anonymous Project de Lee Shulman qui numérise et catalogue les négatifs couleurs et les diapositives d’anonymes collectés ces 70 dernières années. Pour cette édition, ces clichés sont présentés avec une nouvelle mise en scène : la reconstruction d’un trois pièces des années 60, dans la petite maison de la Chatonnière, nous permettant d’observer la vie à l’intérieur de la villa… depuis les fenêtres. 

Une exposition à découvrir de l'extérieur.
Une exposition à découvrir de l’extérieur. ©Le Pays d’Auge / M.-M. Remoleur

La villa des chats devenue bibliothèque 

« Ça a longtemps été une maison particulière qui dans les années 1960 était habitée par deux dames, avec leurs chats« , raconte Philippe Normand qui a passé 18 ans à la tête du service culturel. D’où le nom « Chatonnière » qu’elles avaient donné à cette maison « qui a conservé les fondements de murs où il y avait des grilles auparavant ». Une villa pas bien grande avec « deux grandes pièces à l’intérieur et une partie cuisine », se souvient Hubert Moisy, passionné d’histoire locale. 

Le couple n’ayant pas d’enfants, à la mort de la deuxième, la Ville de Deauville a préempté la maison qui jouxtait la mairie « avec l’idée future d’avoir un terrain disponible à côté, le jour où l’hôtel de ville aurait besoin de s’agrandir ». Un point qui avait notamment été abordé en conseil municipal en 1997, puis en 1998. « Le jardin avait alors été transformé en jardin public et cette maison, toute cloisonnée qu’elle était, on en a confié les clés à une bibliothèque associative, qui était l’émanation d’une bibliothèque paroissiale ». Celle-ci fonctionnait alors avec des bénévoles. « On allait chercher nos bouquins là-bas », se souvient Véronique Bourné, adjointe à la mairie. « On trouvait notamment les mémoires de Pierre Delanoë, beaucoup de livres sur l’histoire locale », détaille Philippe Normand. Hubert Moisy raconte : « Autour de la maison, dans le jardin, des sièges avaient été installés et on y passait des moments très sympathiques ». 

Un lieu d’exposition à sécuriser 

« Devant l’émergence du projet de construction d’une médiathèque pour la Ville, en 2008, cette bibliothèque n’avait plus lieu d’être et a alors légué son fonds de livres à l’équipe de la future médiathèque de Deauville », raconte Philippe Normand. Vidée de ses livres, la Chatonnière ferme alors ses portes « jusqu’en 2015, où les services techniques ont cassé toutes les cloisons intérieures et les plafonds, et que le festival Planches contact a investi cette Chatonnière ». Pendant plusieurs années, jusqu’en 2019, cette petite maison a vu passer les travaux de photographes comme Liz Hingley ou Alisa Resnik, mais aussi les expositions historiques et patrimoniales de l’Amicale philatélique et cartophile de Trouville-Deauville. « Je me souviens d’une exposition sur la Guerre 14-18, ou d’une autre sur la Libération de Deauville », énumère Philippe Normand. « On y a fait aussi une journée du timbre là-bas sur le thème de la valse », ajoute Hubert Moisy. 

Au cœur de la Chatonnière, à côté de la mairie, la photographe et anthropologue Liz Hingley a décidé de monter un projet autour de la crèche des tout-petits et le foyer des anciens.
Au cœur de la Chatonnière, des photographes comme Liz Hingley ont exposé pour Planches contact.  ©Archive Le Pays d’Auge / M.-M. Remoleur

« Pour des raisons techniques et de sécurité », cette Chatonnière a de nouveau été fermée au public, avant qu’elle ne soit réinvestie à nouveau cet automne par le festival Planches contact pour une exposition un peu particulière, qu’on peut observer seulement de l’extérieur. « Depuis qu’elle en a l’acquisition, la Ville y a fait des travaux de toiture, sur les huisseries, les volets, énumère Véronique Bourné. Mais il y a encore des travaux de confortement de la structure à réaliser et des écoulements d’eau à revoir ». 

Une exposition à découvrir jusqu’au 3 janvier

Fondé en 2017 par Lee Shulman, The Anonymous Project est l’une des plus importantes collections privées de photographies couleur d’amateurs du XXe siècle. Composé d’environ huit cent mille diapositives Kodachrome, cet ensemble d’images forme une incroyable mémoire collective. À la Chatonnière, Lee Shulman présente « Outside-In ». Un projet avec une mise en scène reconstruisant un trois pièces des années 60, où se déroulent des scènes de vie grâce aux photographies d’anonymes récoltées. « C’est souvent notre point de départ, raconte Lee Shulman. Cette idée que nous sommes au-dehors et que nous observons quelque chose d’inatteignable, d’étranger. […] Dans cette installation, j’ai souhaité jouer avec l’idée de contenir des moments intimes de la vie, seul(e) ou à plusieurs. […] C’est comme regarder notre propre espèce à travers un microscope. Il s’agit d’examiner non seulement l’aspect sociologique de notre vie domestique, mais aussi la manière dont nous interagissons avec notre environnement, qu’il s’agisse de la cuisine, de la chambre ou du salon ». 

Une maison à laquelle on s’attache

« C’est une habitation comme une autre à la base, mais cette petite maison a un intérêt parce qu’elle est au milieu d’un petit jardin, elle offre comme une petite respiration dans la ville, confie Véronique Bourné. J’y suis attachée parce que je trouve que c’est vraiment un petit endroit de repos dans la ville où tout est en alignement, comme c’est en centre-ville. Il y a cet endroit où les gens peuvent prendre un petit peu de temps ». En traversant les années sans bouger, cette villa dont l’aspect extérieur n’a pas changé, continue à piquer la curiosité, voir l’intérêt, des Deauvillais et des visiteurs qui passent devant, s’y arrêtent, la contemplent. Philippe Normand sourit : « En clin d’œil à cette exposition qui présente des photographies qui proviennent pour beaucoup d’Angleterre, on a mis une petite pancarte For Sale devant, et on a eu des personnes qui sont allées à l’accueil de la mairie pour demander à combien elle était ». C’est dire à quel point la Chatonnière ne passe pas inaperçue. 

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