C’est une annonce qui risque de faire du bruit, bien au-delà des milieux sportifs. Selon des informations encore non confirmées officiellement, les mythiques courts en terre battue du Country Club de Deauville pourraient prochainement céder leur place à un parking. Une orientation radicale, révélatrice des tensions croissantes autour du stationnement en centre-ville, notamment en période estivale.
Un projet à bas bruit, porté par la nécessité
L’idée aurait été évoquée pour la première fois cet hiver, à demi-mot, par le maire Philippe Augier lors d’un conseil municipal. Depuis, le dossier semble avoir avancé dans la plus grande discrétion.
Selon une source proche du projet, la Ville étudierait la création d’un parking à cet emplacement stratégique, à deux pas des Planches, avec un service de voituriers pour accompagner les flux touristiques. L’appel d’offres pourrait être lancé entre le 25 mai et le 8 juin.
Toujours selon nos informations, la société suédoise Borg aurait déjà manifesté son intérêt pour la récupération et le recyclage de la terre battue, preuve que le projet est entré dans une phase active. Si la municipalité se refuse à tout commentaire officiel pour l’instant, plusieurs élus évoquent en coulisses une « réaffectation stratégique » de ces terrains, jugés « sous-utilisés » au regard des besoins croissants en stationnement.
Un choix logistique… et symbolique
Cette annonce intervient dans un contexte de forte pression sur le stationnement. Chaque été, la saturation des parkings devient un casse-tête pour les visiteurs comme pour les commerçants. Le projet de parking en silo, porté de longue date, semble à l’arrêt.
Le Country Club apparaît dès lors comme une alternative crédible pour désengorger le centre-ville, tout en facilitant l’accès aux établissements du groupe Barrière, tout proche.
Chez Barrière, on ne cache pas un certain soulagement. « Tout ce qui permet de fluidifier la circulation et d’améliorer l’expérience de nos clients va dans le bon sens », confie un cadre du groupe sous couvert d’anonymat.
Un pan d’histoire menacé
Mais la perspective de voir disparaître ces courts de tennis n’est pas sans émotion. Créés au début du XXe siècle, ils font partie intégrante de l’histoire balnéaire de Deauville. Des générations de joueurs y ont foulé la terre battue, et de nombreux tournois y ont vu passer les grandes figures du tennis français. Le Country Club n’est pas seulement un équipement sportif : il incarne un certain art de vivre, un héritage local.
« C’est un lieu emblématique. Supprimer ces courts, c’est tourner une page de l’histoire de Deauville », déplore un ancien membre du club, visiblement affecté.
Une annonce officielle attendue d’ici mi-avril
Si rien n’a encore été confirmé officiellement, une communication pourrait être faite dans les prochaines semaines, probablement à la mi-avril, une fois l’appel d’offres finalisé. Du côté des commerçants, les avis sont partagés.
Certains saluent une initiative qui pourrait, selon eux, revitaliser l’activité en facilitant l’accès au centre-ville. D’autres pointent une décision précipitée, prise sans concertation avec les usagers du site.
Entre pragmatisme urbain et attachement au patrimoine, la Ville s’apprête à trancher. Et à Deauville, ce choix pourrait bien faire école.
Jannik BROCHET
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