Comment a débuté votre aventure professionnelle à Deauville ?
En 1993 j’ai quitté Grenoble pour travailler au théâtre de Caen. En 1995, le directeur m’informe qu’un ancien journaliste vient de créer un festival de musique à Deauville. Il s’appelle Yves Petit de Voize et il est à la recherche de quelques éléments de décor. Ainsi, il m’envoie ici pour une réunion d’organisation. Je me suis retrouvé autour d’une table avec l’élu à la culture, Philippe Augier, Yves Petit de Voize et deux ou trois autres personnes, pour voir comment le théâtre de Caen pouvait accompagner ce festival de Pâques.
Après la réunion, j’ai déjeuné avec l’équipe d’organisation et découvert un élu incroyable avec une belle énergie, un élu passionné par les projets et qui montait un festival très ambitieux. Lorsqu’en 2000, le moment fut venu pour moi de passer à autre chose, j’ai trouvé une annonce dans Télérama, Deauville recrutait un responsable culturel. J’ai postulé, j’ai été convoqué à un entretien, puis à un second. Je suis arrivé numéro deux… et je n’ai pas été pris.
Une sorte de rendez-vous manqué ?
La seconde fois sera la bonne. En 2005, je suis arrivé à Deauville avec comme feuille de route d’accompagner la conception d’un nouvel espace culturel, un théâtre médiathèque, et de porter un certain nombre de rendez-vous littéraires. En marge de ma feuille de route, j’ai exploré d’une façon qui m’a passionné, l’histoire de Deauville avec les écrivains, les photographes, les danseurs, les artistes, les peintres qui l’ont fréquentée. Une histoire incroyablement riche et forte. Très rapidement j’ai eu envie de partager ce patrimoine.
Avec Philippe Augier, devenu maire, et Isabelle Patry-Santos, son adjointe à la culture, nous avons commencé à imaginer un parcours de plaques dans la ville. En 2010, pour les 150 ans de Deauville, nous avons exploré de nouvelles choses.
Puis, Philippe Augier, séduit par les découvertes photographiques sur Deauville, m’a demandé d’organiser une première exposition en plein air. En 2017, nous avons concrétisé cette idée de conforter un événement littéraire qui mette en relation les écrivains et la musique. Seul petit moment de déception, vite passé, quand j’ai appris en 2008, que la crise des subprimes allait geler le projet de théâtre médiathèque pour lequel j’étais venu. Mais en 2012, ce fut la découverte des Franciscaines, de tout un nouveau potentiel et le début d’une réflexion qui allait durer huit ans.
Quelle image avez-vous de Deauville ?
J’ai vécu 24 ans au Havre, une ville communiste avec tout ce que cela a comme bons côtés, une vie culturelle intense, une politique sociale incroyable, une irrigation de la culture dans les quartiers, dans les écoles. Je suis venu pour la première fois à Deauville, à l’âge de 30 ans alors que j’habitais en face. J’ai découvert une ville dont je garde un souvenir très flou. La révélation s’est opérée le jour où j’ai compris que cette ville, qui venait de se doter d’un service culturel, avait de folles envies et que tout était à construire.
Parmi les souvenirs que vous emportez, y en a-t-il un en particulier auquel vous pensez ?
Ma rencontre avec René de Obaldia. Et j’ai un grand souvenir, un truc incroyable. Bernard-Marie Koltès qui était le grand auteur dramatique des années 80 et que Patrice Chéreau a beaucoup monté a écrit une pièce de théâtre, Dans la solitude des champs de coton. Elle met en scène un dealer et un client et avait été jouée dans un centre commercial, en face de la gare de la Part-Dieu à Lyon. Les spectateurs avaient des écouteurs et les acteurs un micro.
Pour monter la pièce à Deauville, il fallait trouver un endroit équivalent qui soit le lieu du deal. Nous l’avons fait dans la salle Elie de Brignac et les jardins. Il y avait 150 spectateurs, les écouteurs sur les oreilles et des comédiennes magnifiques. Et ce qui me fait plaisir c’est que ce soir-là, est née une histoire d’amour qui dure encore aujourd’hui.
De quoi sera faite votre vie une fois que vous aurez quitté Deauville ?
J’ai l’impression que ma vie, c’est une grande bibliothèque. Dès que j’ai fini un livre, j’en ouvre un nouveau. Je vais avoir davantage de temps pour des choses plus personnelles. Je vais peut-être aussi avoir du temps pour continuer à garder une relation avec Deauville comme avec quelqu’un auquel on reste attaché, qu’on a plaisir à revoir.
Je quitte mon poste le 31 décembre mais dans la logique professionnelle, on s’en va en ayant anticipé son départ. J’ai programmé des spectacles qui sont autant de petits cailloux que j’ai semés. Et je viendrai les ramasser chaque soir où les spectacles seront présentés. Je continuerai d’être disponible pour, s’il le souhaite accompagner de mes conseils, Cyril Le Boulaire qui me succède.
Qu’est-ce qui va le plus vous manquer ?
Les gens, le rythme, les collaborateurs proches, et ces soirées avec les artistes imprévisibles mais qui se terminaient soit en chansons, en confidences ou en histoires. La dernière en date était la magnifique soirée avec Anne Goscinny quand elle est venue présenter la soirée du Petit Nicolas, le jour anniversaire des 45 ans de la mort de son père. Ce métier, on le fait comme un passeur. Le rôle du passeur, c’est d’aller d’une rive à l’autre pour emmener les artistes et les spectacles qu’on aime vers les spectateurs en se réjouissant à l’avance du bonheur qu’ils vont y prendre.
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