Deauville-Trouville : un cortège musical pour demander la réouverture de l’école de musique

Samedi 4 février 2023, près de 100 personnes étaient dans la rue à Deauville et Trouville pour demander la réouverture de l'école de musique intercommunale. 
Samedi 4 février 2023, près de 100 personnes étaient dans la rue à Deauville et Trouville pour demander la réouverture de l’école de musique intercommunale.  ©Le Pays d’Auge/M. — M. Remoleur

Enfants et adultes, élèves et professeurs, musiciens et chanteurs, représentants politiques ou simples habitants du territoire : ils étaient un peu moins de 100, ce samedi 4 février 2023, en début d’après-midi, à donner de la voix et manifester leur mécontentement dans les rues de Trouville-sur-Mer et Deauville (Calvados) face à la fermeture de l’école de musique intercommunale. Une sentence entérinée le matin même en conseil communautaire.

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Une marche, de Trouville à Deauville.
Une marche, de Trouville à Deauville. ©Le Pays d’Auge/M. — M. Remoleur

Sur des pancartes on pouvait lire « Rendez-nous les clés, c’est à votre portée », mais aussi « Pas de retraite pour l’école de musique Claude Bolling ». Sur une autre encore, point de mots, mais une simple clef de sol, comme pour annoncer la hauteur des notes qui les anime. « Tuer la musique, c’est tuer la culture », lâche Philippe Heudron, président de la société des Amis de la musique de la Côte fleurie, l’un des organisateurs de cette manifestation.

Toutes les générations ont participé à cette marche.
Toutes les générations ont participé à cette marche. ©Le Pays d’Auge/M. — M. Remoleur

« Ma fille ne comprend pas pourquoi on l’empêche de pratiquer »

Au son et au rythme des instruments, le cortège est parti de Notre-Dame-des-Victoires, à quelques mètres de l’entrée de l’école de musique condamnée, pour rejoindre la mairie de Deauville. « La musique au pouvoir ». « Trois millions pour le stade, zéro pour l’école de musique ». Au gré de leur marche, les manifestants n’ont pas manqué de donner de la voix, certains en profitant pour sensibiliser les passants croisés.

Le convoi est parti de l'esplanade de l'église Notre-Dame-des-Victoires.
Le convoi est parti de l’esplanade de l’église Notre-Dame-des-Victoires. ©Le Pays d’Auge/M. — M. Remoleur

La maman de Hailie, ancienne élève de l’école, témoigne : C’était sa troisième année de chorale, elle venait de commencer le violon. Elle n’a pas compris pourquoi on l’empêchait de pratiquer, comme ça en plein milieu d’année, ça l’a beaucoup peinée ». Plus loin, c’est une élève adulte qui raconte « avec cœur » son désarroi et sa colère face à cette fermeture :

J’ai découvert le chant avec de merveilleux professeurs, j’ai vu ces enfants remplis de talent qui aiment jouer du violon, chanter. Je n’aurais pas pu imaginer une seconde que les Mairies puissent fermer cette école. Quand on a des professeurs aussi excellents, on les garde et on continue ensemble. Que les Mairies se débrouillent et qu’elles rouvrent cette école, ça suffit. 

Joëlle
« Rendez-nous les clés, c’est à votre portée » (©Le Pays d’Auge/M. — M. Remoleur)

« C’est important de perpétuer cet enseignement »

Dans les rangs, tous ne sont pas directement concernés, mais ils comptaient quand même être présents. « C’est indispensable qu’il y ait un lieu public ouvert à tout le monde, jeunes ou moins jeunes, pour proposer un enseignement musical de qualité, insistent Mitsou et Bernard. C’est important de perpétuer cet enseignement-là. Que des Mairies n’arrivent pas à se mettre d’accord pour cela, c’est regrettable ». 

Près de 100 manifestants sont partis de Trouville-sur-Mer pour rejoindre Deauville.
Près de 100 manifestants sont partis de Trouville-sur-Mer pour rejoindre Deauville. ©Le Pays d’Auge/M. — M. Remoleur

Dans les rangs, on trouvait aussi des représentants politiques, à l’image de Raphaël et Shawn, jeunes communistes de France qui ont rejoint le mouvement à l’appel de Jean-Baptiste de Sales de la Gauche Côte fleurie. « On veut apporter notre soutien à ce combat, c’est un accès public essentiel à la culture qui est supprimé », considèrent-ils.

Pancartes et instruments étaient de sotie.
Pancartes et instruments étaient de sotie. (©Le Pays d’Auge/M. — M. Remoleur)

Des élus locaux étaient également présents, notamment Stéphanie Fresnais, conseillère d’opposition à Trouville et Rebecca Babilotte, élue à Trouville, toutes deux élues communautaires ayant voté contre la fermeture de l’école, le matin même en conseil, mais aussi Virginie Caillé, conseillère à Villers-sur-Mer et membre du Syndicat mixte. Cette dernière témoigne en son nom :

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J’ai assisté à l’évolution de cette école et à cette catastrophique issue. J’ai du mal à concevoir que l’on ferme une école de musique publique qui permet un enseignement sur notre territoire, sans qu’on ne lui laisse aucune chance, ni aucune perspective.

Virginie Caillé
Anna et Hailie, des élèves de la chorale d'enfants.
Anna et Hailie, des élèves de la chorale d’enfants. ©Le Pays d’Auge/M. — M. Remoleur

Regrettant la « brutalité » dans laquelle s’est faite cette fermeture, Virginie Caillé ajoute : « En décembre, on a demandé aux élèves de rendre leurs instruments, alors qu’ils se sont engagés pour une année d’enseignement, on les a privés d’un passe-temps ou d’une passion. On a pensé qu’à la finance et à la politique, sans penser aux élèves qui se retrouvaient sur le carreau. Cette école n’allait pas bien, mais on a préféré l’abattre plutôt que d’essayer de trouver une façon de la relever ». 

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Des professeurs en colère

Dans les rangs, des professeurs de l’école désormais fermée, en ont profité pour clamer leur colère. « On met tout sur notre dos, on n’arrête pas de dire que c’est de notre faute pour tout : c’est totalement faux », lâchent-ils. Professeur de flûte à bec et de clarinette pendant 24 ans, Jean-Marie Ségrétier rappelle que les professeurs en contrat à durée déterminée ont vu leur contrat se terminer fin décembre, et lâche :

Pour les 6 titulaires que nous sommes encore, les survivants, il est dit que nous avons été destinataires de proposition. C’est faux : il n’y a jamais eu aucun dialogue venant du syndicat mixte et de sa présidence avec les professeurs.

Jean-Marie Ségrétier
Le cortège est passé par la place Morny.
Le cortège est passé par la place Morny. ©Le Pays d’Auge/M. — M. Remoleur

Un avis partagé par l’ancienne directrice et professeure Florence Devieilhe qui évoque également l’avenir de la CHAM (classe à horaires aménagés pour la musique) :

On nous dit que c’est de notre faute si les cours n’ont pas repris, mais il faut savoir que sur les quatre professeurs à intervenir normalement, nous ne sommes plus que deux. Ce ne sont pas des cours individuels juxtaposés, c’est un projet collectif.

Florence Devieilhe

Par ailleurs, elle rappelle que pour cela, on leur a demandé « de passer en autoentrepreneur ». « Ça n’est pas possible, répond une manifestante. Ce sont des fonctionnaires territoriaux ». Jean-Marie Ségrétier soupire : « Nous avons tenu à bout de bras cette école de musique et on nous accuse de tous les maux ». 

Manifestation pour l'école de musique intercommunale, samedi 4 février 2023.
Manifestation pour l’école de musique intercommunale, samedi 4 février 2023. (©Le Pays d’Auge )

Une association et une pétition

Soulignant des « justifications honteuses qui ne peuvent pas en rester là », Philippe Heudron, président de la Société des Amis de la musique de la Côte fleurie, a annoncé : « Nous prendrons d’autres mesures, plus législatives et administratives pour essayer de casser ces décisions ineptes, stupides et amorales sur le fonds ». 

Pour poursuivre la lutte, l’association dont il est président s’est montée ces derniers temps. « C’est une association d’élèves et de parents d’élèves pour défendre un établissement public d’enseignement musical sur la Côte fleurie », détaille Béatrice Dubus, ancienne élève et membre de l’association. Celle-ci a tenu sa première assemblée générale à Saint-Arnoult, samedi après-midi. 

Elle est aussi à l’origine d’une pétition en ligne qui a récolté aujourd’hui « plus de 2 500 signatures ». Philippe Heudron insiste : « Une grosse partie de la population de notre territoire est contre cette fermeture abusive et scandaleuse ». 

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