Deauville : Warhol, Lichtenstein ou encore Haring nous plongent dans « l’esprit pop

La couleur règne en maître.
La couleur règne en maître dans cette exposition.  ©Le Pays d’Auge / M.-M. Remoleur

Esprit pop, es-tu là ? À l’image d’une séance de spirite, cette nouvelle exposition des Franciscaines, à Deauville (Calvados), invoque les esprits des ancêtres du pop art, tout en conviant à sa table leurs dignes héritiers.

Ça n’est pas une exposition académique sur le pop art, mais bien une exposition expérience. On se demande si on peut être mis en contact avec les esprits des artistes passés et si l’esprit pop est toujours là, s’il inspire toujours les artistes contemporains.

Thierry Grillet, commissaire de l’exposition 

Andy Warhol, Roy Lichtenstein, Keith Haring, Alain Jacquet ou encore William Klein font partie des grands noms de cette exposition soutenue par la Fondation Carmignac, qui présente « de véritables chefs-d’œuvre » et qui nous invite également à « une rêverie sur l’esprit pop » déclinant ses liens plus largement avec la musique, la pop culture, la contre-culture ou encore le psychédélisme. Du pop origine au pop héritage, on suit le guide ! 

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Entre histoire de l’art et culture populaire 

Sur les murs du musée, où ont été parsemées des paroles des hymnes hippies Get Together des Youngbloods et Imagine de John Lennon, cette exposition présente des médiums très variés, allant de la photographie à la peinture en passant par des pochettes de disque, des clips, des films, des planches de bandes dessinées, des leporellos (livres en accordéon) ou encore des dessins d’architecture. Le tout dans une scénographie très pop !

Thierry Grillet est à nouveau aux manettes de cette exposition aux Franciscaines.
Thierry Grillet est à nouveau aux manettes de cette exposition aux Franciscaines. ©Le Pays d’Auge / M.-M. Remoleur

« Plusieurs choses doivent vous sauter aux yeux, notamment le dialogue des œuvres de la culture commerciale et populaire, avec d’autres qui relèvent de l’histoire de l’art plus savante », pointe Thierry Grillet. Ce dernier donne l’exemple des pochettes de disque comme la fameuse banane du Velvet Underground. Des pochettes « conçues et dessinées par des artistes du pop », comme Andy Warhol.

Mais Thierry Grillet évoque aussi Roy Lichtenstein « qui va produire une œuvre en captant et en détournant des choses qui relèvent de la culture la plus populaire », celle des bandes dessinées. « C’est vraiment ce que le pop art apporte à la culture : cette idée que les artistes déhiérarchisent les choses ». 

Andy Warhol, Roy Lichtenstein, Keith Haring, Alain Jacquet ou encore William Klein font partie des grands noms de cette exposition.
Andy Warhol, Roy Lichtenstein, Keith Haring, Alain Jacquet ou encore William Klein font partie des grands noms de cette exposition. ©Le Pays d’Auge / M.-M. Remoleur

Sur les murs, se lit aussi ce qui constitue le « grand geste de la pop culture » : le détournement. Ainsi, Warhol détourne aussi bien un photogramme du film Dracula, que l’image de propagande communiste de Maho devenue « icône pop américaine ». Un procédé que l’on retrouve avec l’artiste Shepard Fairey et sa célèbre affiche Hope d’Obama « dans le plus pur style warholien ». Alain Jacquet, lui, détournera le célèbre Déjeuner sur l’herbe de Manet à la manière de publicité de l’époque. D’œuvre en œuvre, on y lit la complexité d’un mouvement mondialisé… et énergique !

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Un voyage en couleurs dans le temps

Dans cette exposition, l’esprit des ancêtres pop touche immédiatement au regard, avec l’un de ses éléments moteurs : « la jubilation de la couleur ». Avec l’explosion de la société de consommation et de la publicité, ces artistes « vont évoluer dans un monde en couleur qui va conditionner leur propre perception du monde ». Une évolution renforcée par une innovation très importante, en 1963 : la peinture plastique. « La même qu’on utilisait pour l’industrie automobile », précise-t-il. Une innovation qui ouvre le champ des possibles pour faire des aplats de couleurs. « Une passion que l’on retrouve jusque dans le cinéma avec Pierrot le Fou de Jean-Luc Godard, son film de peintre avec notamment sa série de monochromes dans la soirée mondaine ». 

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L’esprit pop n’est pas mort

Toute la richesse de cette exposition, c’est aussi de s’interroger sur l’héritage du pop art, « savoir ce qui dans cette énergie des années 1960 demeure et se perpétue » chez d’autres artistes, encore aujourd’hui.

Toute la richesse de cette exposition, c'est aussi de s'interroger sur l'héritage du pop art.
Toute la richesse de cette exposition, c’est aussi de s’interroger sur l’héritage du pop art. ©Le Pays d’Auge / M.-M. Remoleur

« Le pop n’est pas mort avec cette époque », insiste le commissaire de l’exposition. Au contraire, cet esprit demeure chez des artistes, à l’image de David Lachapelle et sa série de portraits de stars « un peu transgressifs », comme celui de la chanteuse country Dolly Parton photographiée en « poupée foraine » bien rangée parmi de gros ours en peluche.

On retrouve l’idée qu’on n’a pas peur de la culture populaire et qu’on la pousse même dans ses retranchements les plus provocants.

Thierry Grillet

Ce dernier évoque aussi « cette permanence de l’esprit pop » chez Valérie Belin et sa Power Girl, « éloge du frivole », qui dévoile de nombreuses superpositions d’éléments visuels hétérogènes autour du visage de cette jeune femme pensive à la beauté très froide. « On retrouve l’esthétique du détournement, le goût pour les comics, l’idée d’une réinterprétation du stéréotype féminin », poursuit le commissaire de l’exposition, totalement séduit par cette Power Girl et le « choc visuel » qu’elle dégage. Des exemples à la chaîne qui le prouvent : « le goût du détournement et de la couleur demeure. L’esprit pop demeure ». 

Thierry Grillet évoque aussi « cette permanence de l'esprit pop » chez Valérie Belin et sa Power Girl.
Thierry Grillet évoque aussi « cette permanence de l’esprit pop » chez Valérie Belin et sa Power Girl. ©Le Pays d’Auge / M.-M. Remoleur

Le psychédélisme 

La visite de l’exposition se poursuit dans la Galerie des Maîtres où l’on plonge dans un espace dédié au psychédélisme avec des supports toujours variés. « On passe de l’autre côté du miroir, celui de l’esprit pop au sens de l’entité psychique », commente Thierry Grillet. Décrit comme l’héritage « d’un long compagnonnage entre les artistes et les drogues », ce mouvement psychédélique (étymologiquement « qui révèle l’âme ») va trouver un nouvel élan dans les années 1960 « avec un voyage démocratisé » permis par la molécule de synthèse, le LSD. « Cette démocratisation de l’expérience » va être le support « d’expériences esthétiques particulières » faites de sons, de lumières et d’images. « Pour annoncer ces concerts qui sont des expériences psychédéliques, on demande à cinq graphistes qu’on va appeler « The Big Five » de produire des affiches que l’on retrouve dans cette exposition ». Des affiches qui sont censées « restituer, par le graphisme, le trouble de la perception ». 

Jusqu’au 25 juin, aux Franciscaines, au 2e étage du Musée Hambourg et à la Galerie des Maîtres. Tarifs : 13 € (plein), 5 € (abonnés et solidaires). 

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