Le public semblait conquis samedi à l’issue de la projection du dernier film du cinéaste français.
Une ovation de cinq longues minutes, une salle debout qui applaudit à tout rompre, comme deux jours auparavant à la Mostra de Venise. Le Festival de Deauville a été conquis, samedi 3 août, par le dernier film de Luc Besson, Dogman, un récit très noir sur un enfant martyr qui va pouvoir survivre grâce à la compagnie de ses chiens. Le réalisateur retrouve les tapis rouges deux mois après que la Cour de cassation a définitivement écarté les accusations de viol de l’actrice Sand Van Roy contre le cinéaste.
Luc Besson est arrivé tendu, sur le tapis rouge, entouré de l’acteur de son film Caleb Landry Jones — incroyable en travesti dévoré par l’amour de ses chiens — de son ami de toujours, le musicien Eric Serra, et de sa famille, comme pour faire front. Près de deux heures plus tard, dès le générique de fin, les applaudissements nourris du public l’ont rassuré. Le public ne lui a pas tourné le dos.
Luc Besson verse alors quelques larmes. La pression retombe puis ses acteurs et son épouse le serrent dans leurs bras. A la sortie de la salle, les discussions vont bon train. Avec des formules qui reviennent sans cesse : « un bon cru, ce Besson 2023 », « génial », « plein d’émotions », « un acteur parfait qui transcende le film », « des sentiments plus que de l’action »…
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On cherche désespérément quelques témoignages plus critiques. « Si vous voulez me faire parler de ces accusations de viol dont il a été blanchi, ça ne m’intéresse pas… J’ai vu un grand film et cela me suffit. » Des jeunes qui n’ont pas grandi avec Le Grand Bleu ou Nikita sont tout aussi élogieux : « Je découvre mon premier Besson. J’aime bien et je comprends qu’il soit populaire. ».
« Un travesti qui chante Piaf au milieu d’une meute de chiens, il n’y a que lui pour oser pareille scène sans que cela ne soit ridicule », surenchérit un autre fan. Une unanimité assez étonnante car les films de Besson ont souvent divisé public et critique. Un style un peu pompier et naïf qui avait fini par lasser. Plusieurs échecs commerciaux ont participé à son éviction de la direction sa société de production EuropaCorp en 2020. Il n’en est plus aujourd’hui que le directeur artistique.
On ne peut s’empêcher de penser que cette histoire d’enfant martyr rejeté par son père, mis en cage au milieu des chiens et qui va en faire ses meilleurs amis tient aussi de la métaphore de la propre vie du cinéaste. Très marqué par le divorce de ses parents, et plus tard par ses années de pension, il a nourri tous ses films de figures infantiles et s’est réfugié dans les histoires fantastiques qu’il aura envie de raconter en images. Dogman sortira en France le 27 septembre.
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