Natalie Portman, Peter Dinklage ou encore Jude Law ne fouleront finalement pas le tapis rouge de la 49e édition du festival du cinéma américain de Deauville (Calvados). Une absence justifiée par la grève des scénaristes et des acteurs qui dure depuis plusieurs mois à Hollywood.
Cette actualité ayant un impact direct sur le festival deauvillais, ses organisateurs ont ainsi décidé de proposer une table ronde, ce samedi 2 septembre 2023, autour de cette grève et des mutations du cinéma.
Des mutations technologiques à l’origine de la colère
Entamée depuis le printemps, cette grève a démarré avec la mobilisation des scénaristes, rejoints cet été par les acteurs. « C’est l’ensemble de l’industrie cinématographique qui est derrière », précise Laurent Carpentier, reporter au service culture du Monde, qui résume les enjeux principaux de cette grève outre-Atlantique : la survie du métier et la revalorisation des salaires des scénaristes, la transparence des chiffres de diffusion des plateformes pour assurer les droits résiduels des scénaristes, c’est-à-dire les droits de diffusions, et enfin les craintes liées à l’intelligence artificielle et au « remplacement de l’humain par les machines ».
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Autant de sujets liés à des mutations technologiques du cinéma. « Les plateformes ne viennent pas d’apparaître, mais elles sont dans une croissance exponentielle et l’une des revendications des scénaristes, mais aussi des acteurs, c’est d’avoir le droit à des résiduels liés à la diffusion sur les plateformes, précise Xavier Lardoux, directeur général de l’Adami (Société civile pour l’administration des droits des artistes et musiciens interprètes). L’absence de transparence des plateformes dans le succès de diffusion des œuvres empêche une rémunération complémentaire digne de ce nom ».
Ce n’est pas une grève de riche. Sur les 160 000 acteurs adhérents au Syndicat aux États-Unis, 86 % d’entre eux ont un revenu moyen par an, de moins de 26 500 dollars.
La création artistique en danger ?
« La grève des scénaristes, c’est plus que l’argent, il y a vraiment la question de l’implication artistique », insiste Michèle Halberstadt, productrice. Une création artistique qui est bien au cœur de tous ces enjeux.
« Le gros chapitre, c’est vraiment l’intelligence artificielle », pointe la réalisatrice Sophie Barthes, vêtue d’un tee-shirt « Writers guild on strike » des syndicats de scénaristes américains. Un vaste sujet « très technique, politique et philosophique sur la société qu’on veut construire », considère le reporter du Monde. La réalisatrice de The Pod Generation détaille :
Les studios entretiennent une sorte d’hypocrisie alimentée par toutes les entreprises qui développent l’intelligence artificielle. Ils veulent utiliser des machines pour générer du contenu, avec des scénarios qui ont été écrits par des humains. La revendication principale des scénaristes c’est de dire qu’on ne veut pas qu’un contenu humain avec une propriété intellectuelle soit réutilisé par une machine pour produire de nouveaux scénarios sur notre travail. Et les studios ne veulent pas réguler pour le moment.
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Pour Alexandre Pachulski, docteur en informatique, « l’intelligence artificielle n’y est pour rien, c’est la quête du profit sans fin qui est responsable ». Et insiste : « L’art c’est faire valoir un point de vue et l’IA n’a pas de point de vue. Elle ne devrait être qu’un assistant au service de la création ». Car derrière le débat sur la propriété intellectuelle des scénarios qui pourraient être utilisés par l’IA, est aussi la mise en avant de l’importance du cheminement créatif.
Tout le propos de la création humaine est justement dans l’angoisse, dans l’accident…Le résultat est moins important que le cheminement.
Et en France ?
Cette table ronde a aussi été l’occasion de s’interroger sur la situation en France. « On a la chance d’une certaine manière parce que la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) a noué des conventions avec chacune des plateformes pour permettre de rémunérer les auteurs qui adhèrent à la SACD en fonction des visionnages des œuvres en France », considère Xavier Lardoux.
Du côté de l’encadrement du développement de l’intelligence artificielle en revanche, ce dernier ne voit qu’une possibilité, celle de passer par une réponse politique pour avoir une réglementation juridique en Europe, par exemple en n’autorisant pas une IA à utiliser son œuvre.
Et si la grève n’a pas atteint les frontières de la France, elle a un impact direct sur le marché du film du pays, comme le prouve l’absence d’acteurs pour promouvoir les films.
Le cinéma français vit beaucoup de l’argent qu’on prélève sur les films américains : quand ils ne sortent pas, cela fait moins d’argent dans les caisses du CNC (Centre national de la cinématographie) qui nourrissent la production du cinéma français.
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