Il y a quelques mois, Deauville et les équipements intercommunaux accueillaient les sportifs chinois, les footballeurs guinéens, le cavalier brésilien de saut d’obstacles Rodrigo Pessoa et ceux de l’équipe de paradressage australienne ou encore les athlètes dominicains et colombiens. Des centaines de sportifs venus s’entraîner avant leurs épreuves respectives aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris.
Depuis, la vie sportive locale a repris son cours, dans la piscine, au Pom’s, au Parc des loisirs, au stade du commandant Hébert ou encore au Pôle international du cheval. Mais dans les esprits et dans les équipements, l’héritage des Jeux olympiques et des passages de ces athlètes demeure.
« Un héritage, ça se prépare »
«Toutes les familles vous le diront : un héritage, ça se prépare », insiste Philippe Augier, mentionnant la politique menée depuis plus de 10 ans au sein de la municipalité, mais aussi de la Communauté de communes Cœur Côte fleurie, en matière d’équipements sportifs. « On est attaché au sport, pilier important de notre politique », insiste-t-il, avant d’énumérer :
On a créé des équipements sportifs très tôt, comme le Pom’s en 2009, ou le PIC en 2010. Et il y a eu une accélération du fait des jeux ces dernières années avec la nouvelle piste d’athlétisme, mais aussi un terrain pouvant accueillir la pratique du basket 3×3 et celle du football à 5 (five).
©Archive Le Pays d’Auge / M.-M. Remoleur
Pour le territoire labellisé « Terre de jeux » dès 2019, cet héritage des JO s’est donc préparé, pour participer à cette fête sportive, et continuer à faire de Cœur Côte fleurie une terre de sport. « On avait déjà des grands événements sportifs dans notre territoire, comme le triathlon et le marathon, mais ces dernières années, l’esprit sportif et olympique s’est accentué », considère Philippe Behuet, adjoint aux sports et à la vie associative à Deauville, mentionnant par exemple les Gymnasiades, sortes de JO scolaires, en 2022, mais aussi l’Urban trail scolaire réunissant plus de 900 élèves dans les rues de Deauville, en avril dernier.
Du matériel laissé aux clubs locaux
Le passage des athlètes de différentes nationalités aura laissé une trace… au sein même des équipements. Une table olympique, un revêtement et un éclairage aux normes des finales des JO pour le tennis de table, des « tapis » pour la compétition pour le basket 3×3, les plots olympiques pour la piscine, du matériel de musculation…
Tout ce matériel laissé en cadeau ou moyennant un prix totalement symbolique sert maintenant aux clubs locaux. Tout cela s’ajoute à ce qu’on a investi localement pour le sport.
« Tout cela a créé un esprit de priorisation du sport », se réjouit Philippe Augier, mentionnant le développement de nouvelles pratiques, dans la foulée. Notamment la création d’une section athlétisme au sein de l’AGD, un projet qui fait suite à la réhabilitation de la piste d’athlétisme au stade du commandant Hébert. « On est en train d’organiser le financement avec les différentes communes. Il y a une détermination de le faire, et ça a commencé avec les Jeux ».
Autre exemple, la pratique du basket 3×3. « Le Pays d’Auge Basket va venir utiliser les terrains 3×3 et les tapis permettront de faire de la compétition », indique Philippe Behuet.
Des souvenirs en héritage
Du passage des différentes délégations olympiques, ces derniers mois, certains en garderont de beaux souvenirs. À l’image par exemple de Franck Le Mestre, directeur du PIC, qui confiait au Pays d’Auge il y a quelques semaines : « Nous avons eu la chance d’accueillir une délégation olympique pendant trois semaines. Ce furent des moments de partage intenses et, paradoxalement, assez faciles à gérer, car ces cavaliers étaient déjà qualifiés pour les Jeux. Pour eux, être là représentait une victoire en soi, ce qui les rendait sereins et totalement investis dans leur préparation ».
De beaux souvenirs pour toutes les générations, à l’image des jeunes pongistes de l’AGD qui ont pu assister à un entraînement des sportifs chinois. « On garde un beau souvenir de leur passage, car on a eu la chance de voir les pongistes chinois en entraînement pendant plus de deux heures. Nos jeunes ont pu faire des photos avec eux, ils ont été très sympas. À regarder, c’était incroyable, il y avait une telle intensité », raconte Laurent Dolley, président de l’AGD.
À chaque venue d’équipes ou de grands athlètes, nos pratiquants locaux sont associés pour qu’il y ait un échange. On sait que ça a un impact, que l’exemple peut donner envie de faire du sport.
Faire perdurer cet héritage
« On doit des choses aux Jeux, confirme Philippe Augier. Par exemple, les associations qui utilisent la piscine de Deauville sont reparties très très fort après les JO ». Si ce fameux « effet JO » se fait sentir dans les clubs locaux, c’est tout « un esprit autour du sport », des « valeurs du sport et de l’olympisme », que les villes de la 4CF veulent continuer d’insuffler. « On a un tissu local associatif qui est dans cette dynamique-là », se réjouit Philippe Behuet.
Pour les deux élus, cet héritage doit perdurer, continuer à s’écrire et à se transmettre, de la pratique locale aux grands événements.
Les JO et la venue des délégations ont servi de levier. Il y a tout un héritage qui va se poursuivre dans les esprits, par exemple en termes d’images avec les deux festivals qu’on a créés à Deauville, autour du documentaire et de la photographie de sports, qui ont pour ambition de faire de Deauville, la ville des images du sport.
Le sport qui va continuer à faire battre le cœur de la 4CF ces prochains mois avec des rendez-vous comme l’Urban trail à Trouville, l’accueil du championnat de France Universitaire Estival d’athlétisme en mai à Deauville, le triathlon, le marathon… « Tout ne s’arrête pas aux JO, bien au contraire. La dynamique est là depuis longtemps et le sport va continuer à être au cœur de notre territoire ».
« Ça a permis de faire connaître nos équipements, notre volonté d’accueil »
Pour le président de l’intercommunalité, au-delà de l’héritage matériel et de l’esprit sportif qui découle des JO, l’accueil de délégations étrangères aura eu un autre impact. « Dans cet héritage immatériel, il y a aussi tout ce qui concerne l’image, la notoriété et l’attractivité de notre territoire. Ça a permis de faire connaître nos équipements, notre volonté d’accueil d’équipes internationales ».
Mentionnant par exemple la tenue de Summer Camps au Pôle international du cheval qui noue de forts liens avec la Chine, il rappelle aussi : « On a aussi touché un héritage avant les JO. Pendant la négociation qu’on menait avec les Chinois concernant les Jeux, a été scellée la venue de l’équipe chinoise de taekwondo en 2022, à Deauville, bien avant les JO. C’est une sorte de donation en avance sur héritage », s’amuse Philippe Augier qui reconnaît : « Ça n’est pas certain qu’ils nous auraient choisis s’ils ne nous avaient pas connus avec la négociation ».
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