Il aurait pu continuer. Rester à Paris, dans l’ombre des cabinets ministériels, là où les décisions se préparent, se peaufinent, s’amendent. Mais Pierre Breton a préféré bifurquer. À 30 ans, celui qui siège au conseil municipal de Deauville (Calvados) depuis 2020 prend aujourd’hui la direction de Green Data for Health, une plateforme portée par l’ANSES, dédiée aux liens entre santé publique et environnement.
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Il y voit une forme de continuité : toujours au service de l’intérêt général, mais avec un pas de côté, plus proche du concret.
« On produit aujourd’hui une masse considérable de données dans tous les domaines de la vie publique, constate-t-il. L’enjeu, c’est de les croiser de manière intelligente et éthique pour améliorer la prévention, sans tomber dans le solutionnisme technologique. »
Depuis trois ans, Pierre Breton a accompagné les ministres de la Santé, de l’Agriculture et de l’Écologie sur les enjeux numériques. De cette immersion, il garde un goût pour la transversalité, mais aussi un constat.
J’ai souvent été confronté au manque de données pour éclairer les décisions. Et parfois, à une absence de dialogue entre ministères, alors qu’ils traitaient de sujets intimement liés.
Un projet d’envergure à taille humaine
Green Data for Health a été imaginé pour répondre à cette impasse. Quatorze partenaires publics, une ambition collective : mieux comprendre l’impact de l’environnement sur notre santé. « Ce projet est né d’une volonté commune. Il faut préserver cette énergie, cette agilité, tout en la structurant. »
Pour Pierre Breton, il s’agit désormais d’accélérer. Rendre la plateforme lisible, renforcer ses partenariats, traduire ses outils en usages. « Je veux mettre mon expérience au service de cette ambition. Green Data for Health doit devenir un levier utile, accessible, au service des citoyens et des collectivités. »
Concrètement, qu’est-ce qu’on en fait ?
Il en parle sans jargon, exemples à l’appui. « Croiser les données de santé et de qualité de l’air permet de prédire certains pics d’asthme, et donc d’anticiper les réponses sanitaires. Étudier le lien entre l’hypothyroïdie et les polluants environnementaux, c’est mieux comprendre les causes d’une maladie fréquente.
Et pour les collectivités, ces données sont des aides à la décision précieuses, notamment face aux effets du changement climatique. »
Sa formation de médecin continue de guider ses choix. « Être médecin de santé publique, c’est anticiper, relier, systématiser. Cela oblige à garder en tête que derrière chaque donnée, il y a des réalités sociales, territoriales, des vulnérabilités humaines. »
Cette approche irrigue aussi son engagement local. Élu à Deauville depuis 2020, il n’a jamais décroché. Et n’a pas l’intention de le faire. « Je crois qu’il faut reconnecter les politiques aux gens, et aux réalités de terrain. Deauville est un laboratoire idéal pour ça. »
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Continuer à agir ici et maintenant
Dans les mois qui viennent, Pierre Breton souhaite poursuivre son action sur des sujets qui lui sont chers : adaptation au changement climatique, santé environnementale, jeunesse. « Mon engagement local est essentiel. Ces cinq dernières années m’ont montré que c’est ici que se testent les grandes transitions. »
Il dit cela calmement, sans emphase. Mais derrière les mots, on sent une ligne claire, une cohérence rare à son âge. Un pied à Paris, l’autre à Deauville. Une main dans les données, l’autre tendue vers les citoyens. Et toujours la même boussole : l’intérêt général.
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