Le mangaka JustLoui sera l’invité d’honneur de la seconde édition du festival de manga à Deauville, du 23 au 25 août 2024. Auteur franco-ghanéen, il a publié des mangas plongeant le lecteur dans ses racines africaines. Rencontre.
« J’ai déménagé en France pour faire du manga »
Comment avez-vous découvert l’univers du manga ?
Je l’ai découvert un peu par erreur. J’ai grandi en Afrique, j’ai passé une vingtaine d’années au Ghana. Malheureusement là-bas, on n’avait pas toutes les ressources qu’on peut avoir en France donc je ne connaissais pas le manga. C’est un ami à moi qui, un jour, m’a montré de vieux scans de One Piece. J’ai découvert ce manga et j’ai été très touché par la narration, la mise en page, le dynamisme… Ça m’a beaucoup bouleversé, narrativement parlant. Ça m’a donné envie moi aussi de tenter l’aventure.
J’ai donc déménagé en France, à 21 ans, pour faire du manga, car c’est le deuxième marché mondial de BD. Je voulais aller en France pour voir si je pouvais vivre du manga, c’était un peu flou dans ma tête à ce moment-là.
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Vous dessiniez déjà cette époque-là ?
J’avais un peu dessiné à l’école, mais je ne me destinais pas forcément à cela. Moi, je voulais être écrivain. Mon père était écrivain avant moi. Je ne m’orientais pas vraiment vers le dessin, mais j’étais déjà un amoureux des histoires, des contes, de la narration.
Et c’est vraiment la découverte du manga qui a fait comme un clic dans ma tête. Je me suis dit : pourquoi pas raconter mes histoires dans ce format du manga que je trouvais génial. J’ai donc commencé à dessiner après mon arrivée en France, en 2015.
Comment êtes-vous passé de l’envie de faire du manga… à en publier ?
J’ai regardé de loin ce qu’il se faisait, j’ai vu qu’il y avait des écoles de manga en France, ça m’a conforté dans l’idée qu’on pouvait apprendre le manga. J’ai tenté une première école qui m’a vite déçue donc j’ai arrêté et cherché ailleurs. J’ai contacté des artistes locaux, je me suis rapproché de mes contemporains sur des forums en ligne, lors de rencontres dans de grands événements de manga. Et petit à petit, je me suis créé un réseau, j’ai reçu des conseils, et je me suis très vite rendu compte que la France est un très gros marché d’auto-édition. J’ai sorti Redflower Stories en auto-édition, ensuite j’ai signé Redflower chez Glénat, il y a deux ans.
« J’ai réussi à retranscrire sur papier la sensation de raconter un conte à l’africaine »
Vos mangas puisent dans vos racines africaines. Pourquoi avez-vous choisi de raconter cela ?
Je trouve qu’on raconte toujours mieux ce qu’on connaît. Après avoir passé 20 ans en Afrique, c’est ce qui était le plus frais dans mon esprit.
Et c’est important aussi de se poser la question de comment se démarquer par rapport à ses contemporains. Je me suis demandé ce que j’avais à raconter. Je me suis dit que j’allais raconter ces contes africains, que j’allais m’inspirer de ma culture et de mes histoires, en les réadaptant avec un format plus moderne et dynamique du manga, en mélangeant les codes.
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En Afrique, la tradition de l’oralité est forte pour transmettre des histoires. Finalement vous choisissez de les immortaliser dans des livres…
Oui, et ce que j’ai réussi à faire et ce que j’aime beaucoup c’est qu’on retrouve de la poésie dans mes histoires. Il y a beaucoup de passage où mes personnages vont par exemple parler en rimes, ils vont instaurer une espèce de rythmique, de musicalité au récit. J’ai réussi à retranscrire sur papier la sensation de comment on raconte un conte à l’africaine.
« Le festival de Deauville a réussi à se démarquer »
Qu’est-ce qui vous plaît dans le manga, désormais comme mangaka ?
C’est la liberté totale. Je trouve que c’est le médium le plus complet dans le sens où je peux tout faire tout seul sans compromettre mes idées. Par rapport à l’écriture, je m’éclate. J’ai écrit des chapitres entièrement silencieux, je trouve ça vraiment puissant narrativement parlant de parfois s’affranchir du texte.
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Vous êtes de retour au festival de manga de Deauville, cette fois comme invité d’honneur. Quel a été votre regard sur la première édition, l’année dernière ?
C’était une très belle pour une première. Je trouvais que c’était un festival ambitieux qui n’avait pas peur de viser grand, dans un beau lieu, avec un contenu différent de ce qu’on peut voir ailleurs. Les invités étaient très variés, les stands et les exposants aussi. Souvent, dans d’autres grands événements, le public reproche que c’est trop commercial. Le festival de Deauville a réussi à se démarquer par son ambiance et son lieu. Pour une première, je me suis bien amusé et je suis très honoré de revenir comme invité d’honneur.
C’est un festival très vivant. Vous ne serez pas qu’invité, vous allez proposer plusieurs choses pour cette deuxième édition…
Je vais faire des séances de dédicace, mais il y aura aussi des conférences, des ateliers de dessin, une exposition, des rencontres…
Du 23 au 25 août, au Centre international de Deauville. Plus d’informations et billetterie : www.mangadeauville.com. Tarifs : 15 € (pass 1 jour), 35 € (3 jours) ou 52 € (famille, 2 adultes + 2 enfants). Gratuit pour les moins de 8 ans.
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