La star américaine est la vedette de « L’Instinct de survie », un documentaire présenté au Festival de Deauville.
La réalisatrice française Nathalie Labarthe explore les zones d’ombre de l’héroïne controversée de « Basic Instinct ».
Narré par Julie Gayet, il remet également en perspective ses choix à l’aune d’un drame survenu durant l’enfance.
Hasard ou pas, c’est au lendemain de l’hommage rendu à Michael Douglas que le 50ᵉ Festival du cinéma américain de Deauville a dévoilé samedi L’instinct de survie, un documentaire de la réalisatrice française Nathalie Labarthe consacré à Sharon Stone, sa partenaire dans Basic Instinct, le cultissime thriller érotique de Paul Verhoeven en 1992. La comédienne de 66 ans n’a pas fait le déplacement sur les planches pour une bonne raison : elle tourne actuellement Nobody 2, la suite du film d’action avec Bob Odenkirk qui marquera son grand retour au cinéma l’an prochain.
Sharon Stone fait partie d’une génération qui a ouvert la voie
Sharon Stone fait partie d’une génération qui a ouvert la voie
Julie Gayet
Ce 52 minutes qui sera diffusé en fin d’année sur Arte est narré par Julie Gayet, venue le présenter samedi au public. « Évidemment, elle avait cette image de sex appel dont tout le monde parle. Un petit côté Marilyn Monroe. Mais c’est aussi une femme forte comme Jane Fonda« , a-t-elle souligné. « Elle fait partie d’une génération qui a ouvert la voie et qui a permis d’avoir aujourd’hui un film comme Barbie qui enfin se moque d’un patriarcat dont elles ont beaucoup souffert parce qu’on ne les prenait que pour des grandes blondes. Quelque chose que j’ai connu !« .
Une vie avant et après « Basic Instinct »
Si « L’instinct de survie » revient sur des éléments connus de la carrière de Sharon Stone, ce documentaire remet aussi son parcours en perspective de manière passionnante à l’aune de La Beauté de vivre deux fois, son autobiographie parue en 2021. Miss régionale issue d’un patelin de Pennsylvanie, elle n’a pas 20 ans lorsqu’elle débarque à New York à la fin des seventies où elle rejoint une grande agence de mannequins qui lui fait faire le tour monde. Mais son rêve, c’est le cinéma.
En 1980, elle va de casting en casting sur ses rollers jusqu’au jour où Woody Allen l’engage sur Stardust Memories sans dire un mot, fasciné par sa beauté. C’est le début d’une première partie de carrière sans saveur où elle enchaîne les rôles de petite amie, de maitresse ou de gentille ingénue. Dans le film d’aventure Allan Quatermain et les mines du roi Salomon face à Richard Chamberlain, elle porte des shorts de plus en plus courts au fil des scènes. Sharon Stone est-elle alors consciente d’entretenir les bons vieux stéréotypes machistes ?
Toujours est-il qu’après avoir joué un rôle plus ambigu face à Arnold Schwarzenegger dans Total Recall de Paul Verhoeven, elle est déterminée à être la vedette du prochain film du sulfureux cinéaste néerlandais. « À l’époque, les gens du métier disaient que je n’étais pas assez baisable« , raconte-t-elle dans une interview de l’époque. « Comme je suis une personne stratégique, j’ai décidé de poser dans Playboy pour changer le regard qu’on portait sur moi. »
La série de photos fait forte impression. Mais les producteurs de ce thriller érotique hors norme rêvent d’une actrice plus connue pour donner la réplique à Michael Douglas. Le rôle de Catherine Tramell va être proposé à Kim Basinger, Michelle Pfeiffer, Julia Roberts ou encore Demi Moore. Toutes refusent, effrayées par les multiples scènes de sexe explicites. Et c’est donc Sharon qui rafle la mise.
Un interrogatoire entré dans la légende
Présenté à Cannes en ouverture à Cannes en mai 1992, le film la transporte dans une autre dimension. « Pendant la projection, des fans ont volé mes vêtements, ma brosse à dents, tout ce qui se trouvait dans ma suite« , raconte-t-elle. « C’était mon introduction à la célébrité« . Sharon Stone a-t-elle vendu son âme au diable ? À l’époque, des associations LGBT manifestent en masse devant les cinémas américains qui projettent Basic Instinct, reprochant à Catherine Tramell de véhiculer une image négative de leur communauté. D’éminents critiques estiment eux que sans les scènes érotiques, le film est une coquille vide.
Et pourtant : avec plus de 300 millions de dollars de recettes, Basic Instinct est un succès mondial dont un plan furtif va faire la notoriété. Celui où Sharon Stone décroise les jambes durant un interrogatoire de police, dévoilant son entrejambe à Michael Douglas et aux spectateurs. Là encore, l’actrice semble mener un double jeu. Elle affirme que Paul Verhoeven l’a trahi et qu’elle est menacé d’empêcher la sortie du film, en vain. Et puis avoue qu’à la réflexion, il avait raison.
Après son AVC, Hollywood lui tourne le dos
L’Instinct de survie montre alors comment Sharon Stone va lutter pour dépasser son statut d’icône sexy. Jusqu’à obtenir un Golden Globe et une nomination à l’Oscar pour Casino de Martin Scorsese. Mais les clichés ont la vie dure. En 2008, elle divorce dans des conditions houleuses de son mari, le journaliste Phil Bronstein. Et perd la garde de Roan, leur fils adoptif de 8 ans. Au tribunal, le juge dira l’enfant : « Tu sais que ta maman joue dans des films érotiques ?« .
À l’époque, sa carrière est au point mort. En 2001, elle a été victime d’un AVC à l’âge de 43 ans et les producteurs hésitent à la faire tourner. Le cinéma indépendant lui donne une seconde chance, à l’image de Jim Jarmusch qui l’engage sur Broken Flowers avec Bill Murray. Mais les grands studios lui tournent le dos. Elle se consacre alors aux jeunes enfants qu’elle a adoptés et son engagement caritatif auprès de l’amfAR, l’association créée par Elizabeth Taylor pour financer la recherche contre le sida.
Ce n’est que dans sa biographie, parue en 2021, qu’elle livre un secret de famille bien gardé : enfants, elle et sa sœur Kelly ont été abusées sexuellement par leur grand-père. Le film de Nathalie Labarthe laisse penser que la rage qu’elle déploie à l’égard des hommes dans Basic Instinct a été nourrie par cette blessure secrète. Est-ce également un hasard si elle abat un pédophile en lui tirant entre les jambes dans le western Mort ou vif qu’elle a produit, quelques années tard ?
Plus troublant encore : dans une séquence de Sliver, un sous-Basic Instinct rapidement tourné pour capitaliser sur le succès du film de Paul Verhoeven, son personnage d’éditrice se retrouve nez-à-nez dans un ascenseur avec un homme mûr qui tient une fillette par la main. Cette dernière semble réclamer son aide. Et avec le recul, le regard horrifié de Sharon Stone en dit davantage que bien des discours.
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