Aude Hesbert n’avait pas encore pris officiellement les rênes du Festival du cinéma américain de Deauville que sa décision le 27 août 2024 d’écarter Ibrahim Maalouf du jury déclenchait la polémique. Le trompettiste a été relaxé en appel en 2020 pour agression sexuelle sur une stagiaire de 14 ans. Il avait néanmoins durant l’enquête reconnu avoir eu une attitude « nauséabonde« . Aude Hesbert fait face depuis à un déferlement de violences sur les réseaux sociaux. Elle, qui a succédé à Bruno Barde, accusé lui-même d’agression sexuelle et de harcèlement par des collaboratrices, assume sa décision et s’en explique.
« Je me réjouis qu’un débat de société salutaire s’invite à Deauville »
« J’ai été évidemment très meurtrie par les proportions qu’a pris cette décision. Mais la seule chose dont je me réjouis, au-delà de la polémique bien sûr, c’est qu’un débat de société salutaire s’invite à Deauville. Et je souhaite à l’avenir que l’on continue à échanger sur tous ces sujets à Deauville. C’est important, on est un festival de cinéma américain. On est ouvert au dialogue et à la discussion avec la société. On vit en France les répliques d’un tremblement de terre qui a débuté aux États-Unis avec l’affaire Weinstein. On est en train de prendre conscience de beaucoup de choses ici. »
Les enseignements de la vague #MeToo aux Etats-Unis
Aude Hesbert a pris ses fonctions de directrice du Festival de Deauville le 1er septembre 2024. Elle arrive des États-Unis, où depuis 2023, elle dirigeait la Villa Albertine à Los Angeles, institution soutenant les échanges culturels entre la France et les États-Unis. Elle connait donc bien la situation outre Atlantique.
Elle y a notamment découvert le métier de coordinateur d’intimité. « Je m’en méfiais un peu, je dois dire, en tant que Française puisqu’on a toujours peur des milices de la morale. Mais c’est un métier passionnant qui au contraire permet aux acteurs d’aller très loin dans des scènes audacieuses, et permet aussi aux réalisateurs d’être beaucoup plus libres dans l’écriture d’un scénario, et de pouvoir même aller très loin dans des scènes de sexe, à partir du moment où les acteurs savent pourquoi ils le font, sont en sécurité sur un tournage. C’est important et ça aurait permis d’éviter beaucoup d’abus« .
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