Interview L’ancienne lycéenne de Deauville récompensée d’un Oscar pour son travail dans Avatar 2

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Funny Shütt, qui a grandi à Deauville(Calvados), fait partie de l'équipe oscarisée pour le film Avatar 2 de James Cameron.
Funny Shütt, qui a grandi à Deauville(Calvados), fait partie de l’équipe oscarisée pour le film Avatar 2 de James Cameron. ©Document fourni par Funny Shütt

L’Oscar des meilleurs effets spéciaux a été décerné en mars 2023 à Avatar 2 « La voie de l’eau ». Funny Shütt, une ancienne élève de la cité scolaire Maurois à Deauvile (Calvados), est associé à cette récompense suprême. Elle fait partie de l’équipe néo-zélandaise qui a travaillé sur le film de James Cameron

Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Funny Schütt, j’ai 36 ans, je suis « Motion Éditrice/Animatrice » chez Wetafx en Nouvelle-Zélande, à Wellington. Je suis née en France de parents allemands qui se sont installés dans la campagne de Gonneville-sur-Mer (Calvados) ou j’ai grandi. J’ai fait tout mon collège et lycée à Maurois à Deauville de 1996 à 2004.

En quoi consiste votre travail ?

En tant que « Motion éditrice » chez Weta, je travaille exclusivement sur le mouvement du corps des personnages. On part d’une base de « Motion Capture », et on la retravaille pour correspondre à la vision du réalisateur du film sur lequel on travaille. Par exemple pour Avatar 2 c’était James Cameron.

Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de travailler dans le film d’animation ?

Quand j’ai vu « Le Roi Lion », je devais avoir 9 ans, et sans connaître le métier d’animatrice je savais juste que s’il existait un métier où on pouvait travailler en équipe pour faire ça, alors c’était ça que je voulais faire.

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Qu’avez-vous fait comme études ?

Après le lycée j’ai fait une école de 3D à Cherbourg (qui a fermé depuis) que j’avais découverte sur le salon de l’étudiant à Caen. Après 2 ans d’école, à 20 ans, en décembre 2006 je suis partie vivre à Montréal avec un visa d’un an (un PVT, permis vacances travail) pour tenter ma chance et travailler dans l’animation 3D. Ne connaissant personne, j’ai littéralement fait du porte-à-porte en arrivant pour déposer mon CV et mon portfolio en plein hiver québécois, c’était assez folklo !

Combien de temps êtes-vous restée au Canada ?

J’ai finalement vécu 13 ans là-bas, j’ai même pris la nationalité canadienne. J’avais commencé par des petits contrats pour la télévision, une série d’animation pour Télé-Québec, puis Discovery Channel, et j’ai atterri un peu par hasard chez Ubisoft Montréal où je suis restée 10 ans à travailler sur des jeux vidéos tels que Spinter Cell, Assassin’s Creed, Rainbow six, Far cry…

Jusqu’à votre première expérience chez Weta…

Une de mes amies s’est fait embaucher chez Weta, et elle m’a recommandée à l’équipe sur place. Je suis alors partie pour un premier contrat de 8 mois pour Weta en 2015 pour le film « The BFG » de Steven Spielberg.

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Je suis revenue vivre à Montréal après, mais l’expérience m’avait tellement plu que je voulais revenir en Nouvelle-Zélande. Pour le pays et le travail qui était ce que je voulais vraiment faire à la base, c’est-à-dire travailler dans le cinéma.

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Et puis il y a eu Avatar 2…

En janvier 2020 je suis donc revenue chez Weta pour Avatar 2. C’était juste avant le covid. Cette production aura été la meilleure et en même temps la plus difficile que j’ai connue. La meilleure car c’est un projet créatif et innovant et que j’ai adore travailler le mouvement des personnages sous l’eau.

Mais ça a été aussi l’expérience la plus difficile, car avec l’arrivée du covid, la Nouvelle-Zélande a fermé ses frontières en 2020, sans qu’on sache quand elles allaient rouvrir. J’étais à l’autre bout du monde, loin de ma famille. Je venais de quitter toutes mes attaches et amis de mes 13 ans passés à Montréal, et je me suis retrouvée en confinement, seule dans mon nouvel appartement pour plusieurs semaines. Heureusement j’avais une chouette équipe sur place et on a pu se soutenir malgré tout, car je travaille avec beaucoup d’Européens et d’autres nationalités qui partageaient ma situation.

Revenez-vous souvent en Normandie ?

Mis à part ces deux ou trois ans durant lesquels je n’ai pas pu rentrer, normalement je reviens aux racines normandes chaque année pour voir mes parents à Gonneville-sur-Mer, et mes amis qui vivent encore dans le coin.

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Étiez-vous à Los Angeles pour les Oscars ?

Pour la cérémonie des Oscars, seulement quatre représentants de l’équipe ont été envoyés à Los Angeles pour recevoir « L’Award For Best Visual Effects ». Ils ont tous les quatre été mes superviseurs à approuver mes plans avant de les envoyer à James Cameron qui a le dernier mot. Weta a organisé une cérémonie sur place (à Wellington) avec un écran géant pour que toute l’équipe puisse suivre en direct l’annonce du verdict et que nous puissions partager ce moment tous ensemble.

Quand avez-vous pu enfin pu tenir l’Oscar entre vos mains et qu’avez-vous ressenti alors ?

Une fois de retour de Los Angeles, chaque membre de l’équipe qui le souhaitait a pu tenir l’Oscar et poser pour une photo. L’Oscar est assez lourd à tenir en vrai, et au final il symbolise assez bien les efforts et les sacrifices que nous avons tous dû faire au cours de la production. Mais il symbolise aussi la fierté d’avoir réussi et d’avoir obtenu une reconnaissance mondiale pour le travail accompli. Personnellement, j’en suis fière et lorsque je l’ai tenu en main, j’ai littéralement eu le sentiment de toucher du doigt un rêve d’enfant (ça sonne cheezy*, mais c’est ça).

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Après cette consécration, qu’est-ce qui vous fait vibrer maintenant ?

J’ai choisi ce métier par passion, donc pouvoir continuer à faire ce que j’aime est déjà une grande chance pour moi ! Développer plus de projets artistiques côté personnel est ce qui m’anime en ce moment, le challenge étant de trouver le temps pour combiner tout ça !

*ringard

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