« C’est un projet qui a déjà porté ses fruits car souvent, dans les endroits où nous l’avons présenté, nous avons été réinvités », constate, non sans humour, Nicola Lazzaro qui tient le rôle de Don José. Plébiscitée par le public, cette Carmen de Bizet par Mauduit sera présentée samedi 9 mars 2024 au Centre international de Deauville (Calvados).
Une partition choisie avec minutie
S’attaquer à un tel monument n’est pas chose aisée : « C’est dangereux parce qu’il y a eu des chefs-d’œuvre », concède François Mauduit. « L’histoire est conservée, quelques détails ont été limés, mais toute l’intrigue est là, du début à la fin », prévient Nicola.
Quand il construit ses ballets, François Mauduit choisit toujours ses musiques avec un soin intense. Alors quand il s’attaque à un opéra, on imagine la tâche encore plus ardue. Nicola Lazzaro évoque : « Bizet avec des incursions un peu osées qui font de notre Carmen une œuvre unique. » Le chorégraphe complète les propos de son danseur : « Ce sont des orchestrations très différentes de Carmen. Bien sûr, il y a l’opéra, dit classique, mais aussi des airs qui ont été réorchestrés en version jazz, disco, piano… »
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La signature de François Mauduit ne s’inscrit pas uniquement dans le choix de la partition, ce serait trop simple. Dans sa Carmen, le chorégraphe distille une parabole en invitant un mythe dans l’histoire. « C’est une référence à l’histoire d’Isoline et Isolin, s’ils tombent amoureux, ils risquent de perdre leur personnalité, raconte François Mauduit. C’est la crainte de Carmen et Don José. Carmen a peur en tombant amoureuse de Don José de perdre ce qu’elle est, c’est-à-dire une femme forte. Quand Don José décide de suivre Carmen dans la montagne, il a peur de perdre son statut d’officier. Dans la parabole, si les deux êtres imaginaires se voient, ils perdent leur personnalité et en gagnent une autre. C’est-à-dire qu’Isolin devient Isoline, et Isoline devient Isolin. »
« C’est exactement ce qui se passe entre Carmen et Don José au début, ajoute Nicola Lazzaro. Carmen, extrêmement libre, très désinvolte, se fait draguer par Don José, elle refuse et enfin de compte c’est elle qui tombe complètement amoureuse et c’est lui qui devient le fort de l’histoire. Il y a une inversion de personnalité. »
Géraldine Lucas joue le rôle du double de Carmen : « Comme si j’étais son histoire mythique et qu’elle la regardait. Je lui montre la façon dont les choses vont se terminer. J’agis comme un spectre pas comme une personne physique. »
« Pour nous, ce qui est très intéressant, dans cette Carmen c’est qu’une fois le côté de la danse réglé, il y a beaucoup d’interprétation, tout un travail autour de cet aspect », observe Nicola, rejoint par Vittoria Pellegrino : « C’est un cadeau. J’apprécie de plus en plus de jouer cette femme fatale, symbole de liberté et d’indépendance qui préfère mourir que céder à un homme. C’est magnifique à danser. Il y a l’amour, la passion, la peur, le jeu et au final, le drame. » Et une envie considérable de voir à quoi cela ressemble.
Samedi 9 mars à 20 h 30 au CID. Tarif : de 38 à 43 €. Renseignements et réservations : 02 31 14 14 74. Réservations ici
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