« Physiquement, quand on me voit, personne ne croit que j’ai eu deux cancers ». Aujourd’hui, Lucrèce rayonne et, quand on échange avec elle, rien ne laisse imaginer que cette battante qui embrasse tant sa vie a vaincu deux cancers du sein, il y a moins de cinq ans. « Je me suis transformée complètement dans mon attitude : je suis super positive, j’aime la vie et je suis dans le présent. J’ai compris qu’il fallait arrêter de stresser pour n’importe quoi et se faire confiance, s’occuper de soi », insiste celle qui a toujours voulu « se sentir vivante, pas malade ».
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Pas de douleur physique
Son combat remonte à il y a quelques années. En 2019, alors âgée de 46 ans, elle connait une période de fatigue générale et décide, suivant les conseils de son médecin, de passer une mammographie. « On m’annonce alors que j’ai une calcification importante », raconte-t-elle. Ces petits dépôts de calcium se formant dans le tissu du sein ne parlent alors pas vraiment à Lucrèce. Son médecin à Honfleur, lui, s’empresse de prendre rendez-vous pour elle au Centre François Baclesse à Caen, un centre de lutte contre le cancer expert en cancérologie. « S’il avait fait ça, c’est qu’il avait compris que le cliché n’était pas bon, mais il ne voulait pas me faire paniquer. Il m’a juste dit : courage, je serai avec vous ».
Le mot cancer n’est pas encore prononcé, mais on l’envoie faire un prélèvement plus profond. En l’attente d’un résultat, aucun diagnostic n’est posé. « En parallèle, je fais des recherches sur internet. Je vois le mot cancer et là, c’est les montagnes russes dans ma tête. On se dit : non ça n’est possible, pas moi, pourquoi ». Des questionnements et une colère d’autant plus présents qu’à aucun moment, Lucrèce ne ressent de la douleur. « Je ne me suis jamais sentie malade, ça n’est pas un déni, mais il n’y a pas de douleur physique qui fait qu’on se sente malade ».
Après ce premier prélèvement, on lui annonce qu’il faut aller plus loin. Elle subit alors un autre prélèvement pour savoir où en est le développement de la cellule cancéreuse. Quand on lui confirme ce qu’elle pensait, « tout s’écroule ». Elle raconte : « Il y a une révolte, une remise en question, parce que j’avais une vie saine ». Et reconnaît : « La chance que j’ai eue, c’est que ça a été pris à temps et donc ça ne nécessitait pas de chimiothérapie, ni de radiothérapie, ce qui m’a rassurée », poursuit-elle. En revanche, à la troisième opération, elle subit alors une ablation du sein et une reconstruction mammaire immédiate. « C’est pour que ça soit moins violent psychologiquement et ne pas se réveiller avec un sein en moins ».
Ne plus avoir de seins, pour se sentir guérie
Le combat avait déjà été long, mais il n’était pas terminé. Quelques semaines plus tard, elle se rend chez l’oncologue pour suivre un traitement en hormonothérapie pour éviter de développer d’autres cancers. « À la palpation, il s’aperçoit que j’avais une boule sur mon sein gauche« . On lui annonce alors une tumeur cancéreuse.
Je leur dis alors que je ne veux pas repasser par 4 ou 5 interventions pour savoir où ça en est et, comme mon sein reconstitué me gênait, j’ai alors demandé une double mastectomie. J’avais besoin de ne plus avoir de seins pour me dire que j’étais guérie, je voulais être libre.
Une sensation de liberté, accompagnée quand même d’un soutien psychologique. « On vous enlève une partie de votre féminité, mais à l’intérieur vous êtes une femme ». Dans un corps qui semble ne plus être tout à fait le même, Lucrèce apprend alors à retrouver de la souplesse et reprendre possession de cette masse qui l’entoure. Elle change aussi son regard sur le corps de la femme. « Toute femme est belle, avec ou sans sein, insiste-t-elle, d’un ton assuré. Moi, j’ai appris à m’accepter comme ça ».
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« Je voulais rayonner pour mes enfants »
Aujourd’hui, Lucrèce ne veut pas être vue comme une victime. Bien au contraire, chacun de ses mots, de ses actes ou de ses sourires prouve qu’elle est bien une battante. Ce qui lui a permis de tenir pendant ces années-là, ce sont notamment les clientes au magasin Apostrophe à Deauville. « On pense être seule mais quand elles ont su que j’étais malade, je n’ai eu que du soutien de leur part. Certaines m’ont témoigné qu’elles étaient aussi passées par là, la propriétaire de la marque m’a appelée pour me dire qu’elle était derrière moi ». Pour l’accompagner à tous ses rendez-vous médicaux, Lucrèce a pu compter sur sa voisine, sage-femme. Une présence essentielle. « Et puis à Baclesse, c’est comme une famille. C’est un combat qu’on mène en équipe, vous n’êtes pas seule », sourit-elle.
Son autre roc, ce sont ses enfants. Devant sa fille de 6 ans et son fils de 11 ans à l’époque, Lucrèce a toujours résisté. « Je leur ai expliqué que j’avais comme des grains de sable qu’on devait enlever, je leur ai fait un dessin ». Devant eux, elle a toujours voulu être forte. « Je me suis aperçue que je voulais rayonner pour mes enfants. Je ne voulais pas montrer une maman défaitiste. Je me suis battue à travers eux ». Et c’est aussi pour eux, plus particulièrement sa fille, qu’elle a décidé, cet été, de finalement faire une reconstruction mammaire.
Toute cette force et ce courage lui permettent aujourd’hui de rayonner, d’avancer au jour et le jour et de faire le plein de vie, mais aussi d’aider les autres personnes atteintes de cancer, de sensibiliser et prévenir. « Quand j’étais à Baclesse, je me suis dit que quand je sortirai de tout cela, je ferai quelque chose pour Deauville et servirai de cause pour les autres ». Ainsi, le cœur tourné vers les autres, elle s’est adressée à des acteurs locaux et des associations pour monter tout un programme pour Octobre rose. « En montant cela, je me suis rendu compte que de nombreuses personnes ont été touchées par cette maladie, directement ou indirectement ». Son but : alerter les femmes pour qu’elles se fassent dépister avant 50 ans. « Si j’avais attendu mes 50 ans, je ne serais plus là. Aujourd’hui, je vis cela comme une renaissance. Je rayonne et je me sens encore plus femme que jamais ».
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