Motos et tatouages, deux cultures étroitement liées ? Les deux-roues étaient en tout cas garés en masse aux abords du Centre international de Deauville (CID), samedi 17 et dimanche 18 août 2024, pour le 7e Tattoo Festival.
De très nombreux visiteurs étaient venus avec l’intention de ramener un souvenir indélébile de l’un des 450 exposants. C’est le cas de Soazic, jeune femme de la région parisienne. Venue pour l’occasion avec son compagnon Tom, tatoué le matin même sur son bras gauche encore recouvert d’un bandage, celle qui avait déjà « 16 ou 17 tatouages » est venue « sans idée précise » de ce qu’elle voulait, avant de passer sur le billard de No and Poke.
Un lien à vie tatoueur-tatoué
« J’ai repéré dans leur book des petits feuillages, que je vais me faire sur les doigts. » Avec une particularité : la technique ancestrale du handpoke, sans machine, où la tatoueuse dessine point par point, à l’aiguille. « Sur les endroits où la peau est sensible, comme les doigts ou les parties intimes, ça permet de durer beaucoup plus longtemps », promet Tata Gomar, l’associée de la tatoueuse No.
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Celle-ci confirme que le rendez-vous est incontournable : « De nombreux clients savaient que je viendrais à Deauville et ont pris rendez-vous en amont. » Pour Marie, une Rouennaise d’une cinquantaine d’années, c’est une grande première. « Ça fait quelque temps que ça me trotte, mais je me suis vraiment décidée il y a quinze jours. J’ai choisi de me faire tatouer une feuille de ginkgo biloba. C’est un arbre japonais qui symbolise l’amour et la longévité », récite-t-elle à côté de son époux Ludovic, qui l’accompagne pour l’occasion.
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Un tatouage en 20 heures pour le concours
En plus de la signification du tatouage, elle est aussi venue pour celle qui va le lui faire : Maureen, de La Plaie tattoo, basée à Amiens (Somme). « On s’était rencontrées sur le festival l’an dernier, le feeling était bien passé, je savais que si je me faisais tatouer, ce serait un jour par elle. Je suis venue tôt ce matin exprès en espérant qu’il lui resterait de la place. Maintenant que je me suis lancée, je sais qu’on va se revoir ! » Touchée par ces mots, l’artiste se réjouit : « Ça vaut tout l’or du monde, mon salon est réussi. Je pars du principe qu’ils vont repartir avec un morceau de nous qu’ils vont garder toute leur vie, alors c’est important qu’une relation se crée entre le tatoueur et son client. »
D’autres « binômes » ont vu les choses en grand, comme Benjamin et Rémy Oskuro. C’est seulement le deuxième tatouage du client, ce qui ne l’empêche pas d’être venu de Bordeaux exprès pour participer au concours de tatouages du festival avec son tatoueur attitré, lui établi à Saintes (Charente-Maritime). Pas de victoire, mais plus de 20 heures de travail, réparties sur les deux jours de festival, pour graver le visage d’un personnage féminin repéré dans le catalogue de l’artiste à l’arrière de sa cuisse.
Les rappeurs Sinik et Seth Gueko en guest stars
« Quand je fais les choses, je ne les fais pas à moitié. Ça ne m’intéresse pas d’avoir un petit tatouage de rien du tout ! », revendique le grand gaillard barbu, dont la peau saigne. « C’est l’équivalent de 150 coups de cutter par minute », explique Rémy Oskuro, qui a eu lors du concours l’opportunité de « se mesurer aux meilleurs ».
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Et parmi eux, il y avait des stars du rap. Reconverti comme tatoueur, Sinik a ouvert son premier salon en 2016 et en dirige trois aujourd’hui. « On n’a pas arrêté du week-end avec mon équipe ! », racontait-il dimanche en fin d’après-midi sur son stand. « Ça fait presque dix ans que je fais ça, les gens commencent à bien me connaître comme tatoueur. » L’interprète d’Une époque formidable n’a pas tatoué, mais chanté, dans un showcase qui a enflammé le CID la veille, où se sont également produits les Nèg’ Marrons, autre groupe de rap emblématique des années 90-2000.
Pas de showcase mais un bain de foule pour Seth Gueko, une autre star du rap, connue pour ses tatouages sur le visage et son style inimitable teinté de sale, d’humour et de références gitanes, qu’il décrit lui-même comme « un mélange entre Al Pacino et Benoît Poelvoorde ». Le « professeur punchline » est venu à toutes les éditions du festival de Deauville depuis sa création. « C’est un lieu mythique, où se croisent le chic et le choc. Et puis la Normandie, c’est une terre de vikings. Il y a cette culture du tatouage ici, comme à Rouen. » Lui aussi possède un salon à Pontoise (Val-d’Oise), mais ne tatoue pas. « Avec mes tatouages partout, je suis une vitrine ambulante. »
Et comme le festival ce n’est pas que le tatouage, le « clou » du spectacle dimanche après-midi, c’était le spectacle d’un fakir. Foret de perceuse, ressort et même sabre… À peu près tout ce qui est pointu ou coupant est rentré dans le corps de Testa. Une manière de symboliser qu’au Tattoo Festival, il n’y a pas d’art sans douleur.
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